Toute ressemblance (2019) - full transcript

-Ho!

Ho!

Ouvre ! Ouvre !

-Dis-leur que je prends l'antenne.
Guilaine, fais ce que je te dis.

Allez.

-Hé ! Ouvre!

-Tel que vous me voyez, je vis l'enfer.
Être entouré de paparazzi

sous le pont de l'Alma
n'a jamais réussi à personne.

Or, jusque-là, ce que j'avais vécu...

c'était plutôt le paradis.

Mon paradis,



c'était ça : avoir tous vos yeux
braqués sur moi tous les soirs.

-Antenne dans 5... 4...

3...2... 1..

-Quand je vous dis...

Bonsoir à toutes,

bonsoir à tous.

Avant le paradis, j'ai connu la réalité,

dans un monde bien sombre
pour le journalisme.

-La baisse du nombre des chômeurs,
le gouvernement s'en félicite :

moins 3% sur 1 mois,

du jamais vu depuis 8 ans.

-Tout allait bien.

“Chiffres records pour le commerce
extérieur, un excédent de 173 milliards.

-Tous les voyants étaient au vert.



“L'assurance chômage table

sur un excédent
de 6 milliards de francs.

-Bref, on s'ennuyait.

-Le Béarn avait presque oublié
l'allure majestueuse de l’échassier.

-Le muflier est plus connu
sous le nom de Gueule-de-loup.

-Heureusement, on pouvait compter
sur quelques fondamentaux.

Enfin bon!

Bonnes ou mauvaises,

les nouvelles étaient regardées
par le pays entier sur...

La Grande Chaîne,

dont la star, Jean-Charles Balin,
avait l'immense talent

de rendre le JT de 20h
aussi superficiel que fade.

Et moi, consciencieux, engagé,
je végétais dans son ombre.

-Il voudra pas ouvrir

sur Israël, n'insiste pas.

-C'est un con.

-Un très gros con.

-C'est le boss. On ouvre
sur les incendies à Martigues.

Trouve des images
et change le conducteur, OK?

-Sir, yes sir.
-Voilà.

-À l'époque, j'étais simplement
Cédric Saint-Guérande.

Je n'étais pas encore ces 3 lettres
que tout le pays désormais connaît,

CSG.

-Et voilà !

-Allez ! Allez pour une fois.

-Non, je suis né à 20h.

Je vous jure que c'est vrai !

C'était au 20e siècle
par une douce soirée d'été indien.

Ma mère a perdu les eaux devant la télé.

-C'est bien.

-Et j’ai été d'une précision redoutable.

5...

4...

3...

2...1.

“Mesdames, mesdemoiselles,
messieurs, bonsoir...

-Une précision que j'ai perpétuée
et qui m'a rendu intraitable.

-Fais pas ton psychorigide!

-Non mais allez, ouvre-le, vas-y!

-Pas avant 20h.

Sauf ce jour-là.

-Lâchez ce que vous faites, tous !

Branche-nous sur CNN.
-Il y a 18 ans.

-Quitte pas.

-Qu'est-ce qui se passe?

Je suis né à 20h, certes...

Mais je ne vous ai pas encore dit
le jour de ma naissance.

Je suis né un 11 septembre.

-On passe en édition spéciale.

Guilaine, trouve Balin.

-J'étais taillé pour mon destin.

-Il répond pas !

-Quelle ligne?

-Celle d'urgence.
-J'appelle sur l'autre.

-Oh putain !

Quoi ?
-Salut,

c'est Cédric.

“Mais il va me lâcher la grappe?
Quoi encore ?

-Oh my God!

“Vous êtes cons ou quoi ?
Pourquoi vous me harcelez ?

Tu réponds, abruti ?

-Donc là, pour la 1re fois,
j'ai ouvert mon cadeau en avance.

Ce soir, on ouvre sur les incendies
à Martigues, ça te va?

Il bafouille.

-Vous me faites chier pour ça?

Vous avez rien d'autre à foutre,
bande de cons?

-Simon !

Jean-Charles est injoignable.
-Le con!

Tu files au maquillage!

Trouve une cravate.

-J'ai, j'ai.

-Merci, Thierry.
Deux cadeaux avant 20h.

C'était un anniversaire à part.

Générique de JT

Antenne dans 5, 4...

3...

2...

1...

-Ce n'est pas qu'un acte terroriste,
mais un basculement dans l'Histoire.

Y aura un avant et un après
11 septembre 2001,

date qui restera à jamais gravée
comme le jour

où quelque chose s'est effondré.

-Tu t'en tiens aux faits !

-Pas seulement les tours
du World Trade Center,

mais le monde que nous connaissions.

-Il fout quoi ce con ?

-Il entre dans l'Histoire et il le sait.
Fais un gros plan.

-La 4, serre.

-Ces images sont la preuve

que le monde
ne sera plus jamais le même.

-Elle fait bien ressortir ses yeux,
ma cravate.

-Nous entrons

dans une ère incertaine,
une ère chaotique, effrayante...

Nous entrons dans une ère nouvelle.

-Qu'est-ce qu'il est télégénique !

-Oh putain, c'est pas vrai !

Ah!

Oui, ma chérie?

Je suis au George V,
je finis mon déjeuner,

j'en suis au dessert.

Hein?

Quoi ?

Ça va, arrête de crier comme ça !

Oui, d'accord... Oui, oui, oui!

Oh putain !

-Notre rédaction s'est mobilisée
pour vous informer sur ces attaques

perpétrées en plein cœur de New York.

Nous rejoignons
notre correspondant sur place,

Victor Delommier.

Victor ?

-Jean-Charles ?

-Droit, travailleur acharné, fidèle,
Jean-Charles était tout cela.

Jusqu'à notre dernier échange,
il a incarné vaillamment

l'éthique et la beauté de ce métier.

Mais surtout il était notre ami
et un grand, un très grand journaliste.

Sympa, ce Jean-Charles :
en plus de m'offrir sa place,

il me laissait son carnet d'adresse.
Les grands pontes me découvraient

et ils m'offraient
une très belle exposition médiatique.

La rédaction ne sera plus
la même sans toi.

Mais nous honorerons ton héritage
et tâcherons d'en être dignes.

Je ne t'oublierai jamais, Jean-Charles.

-C'est Jean-Charles comment, déjà ?
-Arrête.

Bon!

Le roi était mort...

Vive le roi.

Générique de JT

Bonsoir à toutes, bonsoir à toutes.

Et qu'est-ce que c'est bon d'être encore
le roi après 18 ans de règne.

Tu es devenu canon.

Ton fiston ?

Il est magnifique.

Ta nouvelle femme aussi.

Quant à tes nouveaux amis, je crois
que ça se passe de commentaires.

Oui, j'étais le roi.

Pour conserver ma couronne,
j'avais instauré quelques préceptes.

Premier commandement
du guide de survie médiatique:

ton communicant tu trouveras.

Je n'ai pas cherché loin. Mon ex-femme
règne sur "le" site d'Info Média.

Une info sort, c'est grâce à elle,
elle ne sort pas, c’est à cause d'elle.

Question de point de vue.

Deuxième commandement:
ton réseau tu entretiendras.

Stars du PAF,

chefs étoilés,

reines des RP,

champions de foot,

porte-parole de la jeunesse,

producteurs,

ministres de la culture...

Ça Va?

Éditorialistes,
patrons de presse,

rival plus beau.

Dans le sens du poil tu les caresseras,

et les bonnes infos
avant tout le monde tu récolteras.

Troisième commandement:
ton image tu soigneras.

Ah!

Je vous rappelle que tous les fonds
récoltés pendant la tombola

iront directement à la MREF,
une association qui me tient à cœur.

-BRAVO !

Cheers.
-Cheers.

-Bonjour, mon amour.

-Buongiorno amore.

Déjà ?

-Oui !

Tout de suite.

J'ai une interview.

Allô?

“Bonjour, je suis l'assistante
de Tatiana Melti.

Antenne dans quelques minutes.
Ça vous va ?

-Très bien.

-Je vous mets en attente.

-Vite, on a une minute, c'est parti.

“Nous sommes le 11 septembre 2019,

et on se retrouve pour l'actu média
sur France Culture.

Bonjour, CSG.

-Bonjour, Tatiana, vous allez bien?

“Très bren. Merci de nous accorder

"cette 'interview pour vos 18 ans
à la tête du JT.

-Tout le plaisir est pour moi.

“La concurrence ne parvient pas
à ébranler votre statut de leader...

Elle rit.

Votre secret ?

-Si j'en avais un,
je le dirais pas.

Disons que j'aime profondément
ce que je fais

et je suis bien entouré
par des gens passionnés.

-C'est vrai.

-Vous n'avez pas envie
de tenter d'autres choses ?

-Tenter d'autres choses ?
J'ai envie, oui.

Très envie, même.

-Ailleurs que sur La Grande Chaîne ?

-Pourquoi ca ?

-Un nouveau président
vient d'être nommé, Julien Demaistre,

et il a déclaré souhaiter
renouveler en profondeur

la grille des programmes
pour rajeunir l'antenne.

-Montez le son.

-Oui, ce pingouin
était mon nouveau boss.

Il voulait faire entrer La Grande Chaîne
dans l'ère du numérique.

-Rien de neuf.

M. Demaistre fait son métier.

-Son surnom de coupeur de têtes
ne vous fait pas peur?

-Pas le moins du monde!

Il a pourtant déclaré
vouloir mettre fin aux privilèges.

Vous confirmez l'information
selon laquelle

M. Demaistre n'aurait encore reçu
aucun journaliste

à l'exception de Florence d'Artois.

-L'enfoiré ! Florence d'Artois !

-Madame, Monsieur, bonjour.

-Présentatrice du week-end
qui rêve de prendre ma place.

Elle avait 15 ans de moins que moi.
OK... À moi de servir.

Vos sources ne sont pas fiables.

Non seulement j'ai déjà rencontré
M. Julien Demaistre,

mais en plus,
il m'a proposé la rédaction en chef

d'un nouveau magazine
produit par Thierry Morgan.

Il était temps de le remercier
pour la cravate

et pour les 17 années
d'excellents services... Et de silence.

-Il est dingue.

-Je connaissais Thierry,

je savais que la nouvelle
allait le remonter comme une pile.

-Plus fort ! Tu t'es cru
en thalasso avec ta mère?

-Un scoop le jour
de votre anniversaire ?

.Non,

vous pourrez me le souhaiter après 20h.

-Dites-en plus sur ce magazine.

-Tout ce que je peux dire,

c'est que je suis très excité.
Appelez-moi plus tard.

-Comptez sur moi. Merci, CSG.
-Merci, Tatiana.

-Tatiana, prénom de salope.

-C'est quoi cette nouvelle émission?

-Je viens de l'inventer.

OK, donc mon nouveau boss
voulait ma peau.

Mais ma peau, justement,
je savais m'en occuper.

Pour durer,
il fallait avoir le cuir épais,

mais aussi le trait fin.

Ne pas faire son âge.

Et avoir de bonnes dents
qui rayent les parquets

et mordent les ennemis.

Oh Maïté !

Ma ménagère préférée...
De moins de 50 ans!

-J'espère bien, oui.

-Ça sent quoi là ?

-À part le produit vitres,
poulet basquaise.

-Pour ce soir?

-D'après vous?

-Elle pense à tout!

Surtout à moi.

À ce soir !

-Hé ho, faut qu'il se calme, lui, là.

-C'est toi qui vas te calmer.

Dans le showbiz,
ils s'embrassent tous sur la bouche.

Et va t'habiller,
t'es concierge, pas maître-nageur!

-Ouais, ouais, ouais...

-C'est Thierry. Ton portable est éteint.

-On peut plus prier tranquille ?

-Comment t'as assuré !
Elle va être verte, la Demaistre.

-Tu veux bien te lancer
dans la production d'un magazine?

-Ma connasse,
je veux me lancer dans tout,

à part le curling et Christine Boutin.

-Cogite à un concept. Quitte pas.

Guilaine, mon enfant, ma sœur.

-Victor Hugo.

-Baudelaire, L'Invitation au voyage.

"Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur
d'aller là-bas vivre ensemble."

-Super. On a fait 40 hier soir.

-40% de parts de marché hier!

-Oh ! Danse de joie!

-J'ai Thierry, il est très content.

What else?

-T'es convoqué chez Demaistre à 11h.

-Whaou!

Premier date chez Demaistre !

-Oh ! Alléluia !

Prends des capotes,
je veux tous les détails.

-Je t'embrasse comme tu veux.

Guilaine, euh...

J'ai 2-3 courses à faire,
je serai là dans 1 heure.

Bon...

L'univers, ce soir,
c'est mon anniversaire.

Alors s'il te plaît, envoie-moi
autre chose que des commémorations.

Donne-moi...

du tremblement de terre.

Ou un crash aérien, tiens !

Dans un pays riche,
et proche sinon tout le monde s'en fout.

Non, un mort célèbre. C'est bien, ça ?

Mme la Ministre,

à part cet accord
de droit à l'oubli de 2015,

il demeure difficile
pour une personne en rémission

d'obtenir un crédit.

-Je vous répète que le gouvernement
a lancé des pistes de dialogue

auprès des banques
et des organismes d'assurance.

-Mais les gens veulent des solutions.

Mme la Ministre,

une de nos journalistes
fait justement face à ce problème.

Elle peut venir?

Cette jeune femme a été déclarée

en rémission,

elle est salariée,

et aucune banque
ne veut lui prêter d'argent

sans lui imposer
des assurances hors de prix.

Asseyez-vous.

Voilà.

Fiona, Mme la Ministre de la Santé

vous écoute.

-Bonsoir, Mme la Ministre.
-Bonsoir.

-Voilà ce que j’aime.

Ce regard.

T'étais pétrifiée
mais tu ne l'as pas lâchée.

Mes amis,

hier soir, la meilleure...

c'était Fiona!

Et je vous assure aussi
que le meilleur ce soir,

ce sera moi.

Grâce à vous !

-OUAIS !

-Le patron t'attend.

-Au travail tout le monde.

Et pour mon anniversaire,

je veux des audiences

historiques !

Je vous aime, tous!

Sauf lui.

40% de parts de marché, ça se fête.

-Merci.

Je reconnais que j'aurais pu

vous accorder un entretien plus tôt,

mais depuis ma prise de fonction,
mon agenda est passablement surchargé.

-Le mien aussi, je compatis.

-Je me dois de vous rappeler
que c'est moi qui dirige la chaîne

et décide seul des émissions
qui verront le jour ou non.

-Bien sûr, Président.

Enquête de sens.

-Pardon?

-Enquête de sens, le titre du magazine.

Sarah, ça claque non?

-Oui.

-Sarah Munz.

Musique langoureuse
Dir' com' de La Grande Chaîne,

maîtresse occasionnelle.

Au courant de tout,
grande bavarde. Bref,

une alliée précieuse.

-M. Saint-Guérande,

vous n'avez pas saisi.

Les audiences de votre JT
ne vous protégeront pas indéfiniment.

Des changements s'opèrent

dans la façon de consommer l'info.
Je dois accompagner ces changements.

Laissez-moi travailler

et contentez-vous
de lire votre prompteur.

-Vous savez quoi?

Je reviendrai vous l'offrir demain

pour fêter mes 42%
de parts de marché ce soir.

Jusqu'à preuve du contraire,

ce sont elles qui dirigent
La Grande Chaîne, Président.

Pas moi.

Et surtout pas vous.

Petit président, va !

Que pouvait faire un misérable énarque
contre la star que j'étais ?

J'étais très populaire.

-Mon fils s'appelle Cédric.
-Bonne idée!

-S'il vous plaît!

-Pour moi, c'était clair,
j'étais indéboulonnable.

Il m'avait insulté?
J'allais l'humilier.

-Hé ! L'annonce de notre magazine

est reprise partout. C'est bon, ça !

-Je te plais?

-Antenne

dans 15 secondes.
-C'est possible

de camoufler son air d'amoureux transi

en plus des cernes?
-Jaloux ?

-Grave !

-Prompteur calé, 10 secondes.

-Je reprends.

-Viens.

-8 secondes.

-J'ai déjà une érection,

arrête !

-Bon, on y va !

-Ainsi s'achève cette édition spéciale

Marquée par les 17 ans
des attentats de New York.

Merci de nous avoir suivis

et merci pour la fidélité sans faille

que vous nous avez témoigné

ces dernières années.

Vous informer chaque soir

est un immense honneur.

Un honneur...

-Non...

-Un honneur et...

Et un plaisir aussi.

-Tu te concentres sur le prompteur,
on y est presque.

Oui... Un plaisir...

Et ce soir, ce plaisir...

Mon plaisir...

J'aimerais le partager avec vous

en vous annonçant une bonne nouvelle.

-T'es célibataire.

-Et cette nouvelle, c'est...

C'est qu'on peut changer le monde.

-C'est pas possible.

-Oui, c'est possible.

On peut le changer

parce que le monde, c'est nous.

-Je déteste ce mec
mais c'est le meilleur.

-Nous pouvons changer,

tout changer.

-Arrête.
-Ça ne tient qu'à nous,

à nous tous.

Il suffirait d'avoir ce courage

et un jour, les JT n'annonceront
que des bonnes nouvelles.

Qui sait ? Imaginez.

Imaginez un JT
qui ne parlerait que de paix.

Que d'amour.

Une demi-heure d'amour pur.

'Oui !

-De joie pure.

'Oui !

-De plaisir pur.

'Oui !

-J'ai chaud, là.

-Total.

Sans retenue.

Merci...

Merci...

infiniment d'avoir suivi
ce journal exceptionnel.

À demain.

Bonsoir.

-Générique !
-Yes.

Générique de JT
Il est dingue.

-Ah ! Il t'a plu ton cadeau?

J'avais pensé
à des boutons de manchettes.

-Merci, ma chérie.

Oui, on a déjà vu plus intime
comme cadeau.

-Une autre !

-Dans ma vie, l'intimité a peu sa place,
même pour un anniversaire.

-Joyeux anniversaire.

-Qui est plus souvent
un événement mondain

qu'un vrai moment familial.

Mon fils.

Gaspard, 15 ans.
-Joyeux anniversaire.

-Est trop loin pour le fêter avec moi.
J'ai préféré l'exiler pour le protéger.

En Suisse, dans un lycée prestigieux.

“Mission secrète.

-Où il démontre
que les chiens ne font pas des chats.

“Bonjour à toutes, bonjour à tous.

“Les tutos de Gaspard !

-Il est passionné par l'information.

-Je déconne ! Salut, bande de bâtards !

Salut, les bâtards.

“Salut, mes bâtards.

On va parler sécurité.

On va parler économie.

Comment faire un bon antisèche ?

Comment rationnaliser son shit ?

-Il a moins

de téléspectateurs que son père.

-Vole les dés de ton prof.

-Faut savoir démarrer.

-À plus. Je vous aime. Partagez à fond.

Bon, je dois y aller.

-Je t'embrasse.

Mais il était loin.

Il me manquait.

Non, c'est trop, Maïté,
on a déjà dîné.

-C'est vous
qui en avez fait trop ce soir.

Votre délire sur l'amour.

Et la larme ! J'ai cru qu'il allait
nous chanter du Brel.

-Mais elle a pleuré.

-C'était à cause

des oignons.

-Moi, je me régale.

J'ai toujours détesté gâcher
les bonnes choses.

Kepler nous attend aux Bains.

-Ah !
-Yvon,

notre ami qui est

ministre de la culture.

-Ministre de la culture,
des arts et des drogues.

Un fin gourmet inarrêtable
dans la prise de stupéfiants.

Passion qu'il partageait avec...

Thierry !

Tout Paris connaissait son amour
de poudres et de cachets.

Musique rythmée

Élisa aussi. Elle détestait
littéralement les drogues.

Son frère en était mort.

-Vous venez?

-Il sort pas.

-OK.

-Mince, j'ai oublié
ce que je voulais dire.

-Qu'est-ce tu fous ? Viens danser.

-Attends ! Gaspard doit rendre un exposé

sur le réchauffement climatique,
alors je cherche.

-Ces jeunes, ils respectent rien.

Si un papa peut pas venir se défoncer
en boîte en semaine...

Hein ? Allez, tiens, regarde.

Ça va te donner plein d'idées.

-Non, je passe mon tour.

-Allez, c'est ton anniversaire.
-Non!

J'étais plutôt consommateur à la base,

mais j'avais promis à Élisa
que depuis que je la connaissais,

j'étais clean.

Je mentais.

-Comme au bon vieux temps.

-Un cheeseburger et une frite.

-Qu'est-ce que j'ai foutu de mes clés ?

Ouvre la bagnole!

-C'est pas la nôtre.
-Je vais pisser dessus.

-Si ces messieurs
veulent se donner la peine.

-Je vais me refaire une beauté.

Ah putain ! Ça marche pas !

Ah putain ! Ça marche pas, hein!

Ça marche pas,
j'ai les pupilles dilatées.

-Tant que c'est que les pupilles.

Maman n'y verra que du feu.

-Oui, je voulais
qu'elle n'y voie que du feu.

Or je n'avais pas été prévoyant.

Musique enjouée
Quand on a un métier public,

une femme allergique aux drogues, mais
qu'on charge bien la mule, eh bien...

Dis à Tonton bonbon de préparer
de la DHEA et de la mélatonine.

On recourt à d'autres drogues.

Légales.

Alain Godard, dis Tonton bonbon.

Spécialiste des thérapies
de rajeunissement et injections,

et fournisseur
de petites capsules magiques

qui cachaient tous les écarts.

Si je voulais garder Élisa,
je n'avais pas le choix.

-Des filles t'ont dragué?

Il soupire.

-Un peu... Un peu...

Beaucoup.

Elle rit.

-Elles étaient belles?

-Très belles.

Dont une qui était
particulièrement sublime.

-Et?

-Et...

Et elle avait une bite...

énorme !

-Quoi ?
Qu'-est'-ce qu'il y a ?

-Rien.

-Vous informer

chaque soir est un immense honneur.

-Aucune image de la fille
sous la table?

-Les techniciens jurent que non.
Ils l'adorent.

-Ce ne sont pas les seuls :
il a fait 43%

hier soir.

Les journalistes me harcèlent pour avoir
des précisions sur son émission.

Le titre, Enquête de sens,

vous validez, Président?

Président?

-Il a validé.

Pour fêter ma victoire,
je me suis fait un petit plaisir.

-Il est là.
-Demaistre est avec lui ?

-Non, il veut voir personne.
Enfin, sauf moi.

-On a tout dit sur lui,

et pourtant, c'est un mystère
que je reçois ce soir.

Cet homme n'est pas simplement un homme,

cet acteur est bien plus qu'un acteur,
c'est un trésor national

qui dépasse les limites étriquées
du commentaire ou du jugement.

Pourquoi parler
quand il suffit d'admirer?

Alain Delon est sur le plateau du 20h.

J'avais proposé à Alain Delon,
si rare sur un plateau,

une interview sans parole.

Le silence.

Tabou absolu à la télévision.

Résultat, 50% de parts de marché.

La presse, dithyrambique,
a parlé d'instant punk.

-C'était une interview exceptionnelle.

-Merci beaucoup.

-Vous savez, on se ressemble, CSG.

-Ce que je savais, c'est qu'il y avait
un grand fan d'Alain Delon.

-Je suis le président de la chaîne et...

-M. Demaistre.

-Vous ne m'impressionnez pas.

-Ça viendra.

Je devais faire cartonner
mon magazine pour |'achever.

-Il faut muscler le concept.

Les enquêtes seront ficelées

comme des polars:

du suspens, des coups de théâtre.
-Mettez le paquet.

-Benoît, il faut soigner
la mise en scène.

Les filles,

trouvez des sujets qui touchent

autant les femmes que les enfants.

Je suis en pleine conf, Sarah...

-Tu ne rêves pas.

Ta demande d'interview avec Trump

a été accordée à Mlle Florence d'Artois.

Le duplex a lieu samedi soir.

-La salope.

-C'est Pourquoi ca ? qui est à la manœuvre.

-Je sais.
"La salope", c'était pour lui.

-Et à moi ? Tu veux pas
me dire des trucs ? Ça m'excite.

-Il m'avait surpris sur ce coup-là.

-Debout? OK, j'adore.

-Mais à salope, salope et demi.

Merci, Sarah.

-De rien.

Embrasse Élisa pour moi.

-Bonsoir à toutes,

bonsoir à tous.
Exclusivité ce soir dans ce journal,

la 1re interview de Donald Trump

à une chaîne française.
Nous le retrouverons

en direct de la Maison Blanche,

dans quelques instants.
Mais avant cela,

un point rapide...
-Putain, l’enfoiré.

L'enfoiré !

... et sur le plan international.

Je ne vous cacherai pas
qu'avancer de 24 heures cette interview

n'a pas été simple à organiser.

Mais j'ai pu compter
sur des appuis solides :

nos actionnaires.

“Il a menacé de démissionner
si on ne le couvait pas.

CSG est encore la vitrine
de La Grande Chaîne.

L'action pouvait sérieusement
dévisser sur ce coup.

M. Demaîstre,
les esprits doivent se calmer.

Faites profil bas.
Invitez-le à déjeuner

pour tasser l'affaire.

-Entendu. Bonsoir, messieurs.

-Bonsoir.

-Trouvez-moi ses failles.

-J'avais rappelé à tous
que j’avais la main.

Mais Florence devait rester à l'antenne
pour rester solidaire de la chaîne.

-M. Saint-Guérande,

vous n'avez pas communiqué
pour l'effet de surprise?

-Ça faisait des semaines qu'on lançait

des demandes d'interview

auprès de la Maison Blanche,

et quand la réponse est tombée,
c'était pour le soir-même.

-Sortez.
-La rédaction a l'habitude.

-Et vos rapports avec M. Demaistre ?

Des rumeurs vous disaient en guerre.
-Lâche-moi!

-C'est faux.
Elle proteste.

Je le répète, M. Demaistre et moi
entretenons d'excellents rapports.

Je suis pressé, au revoir.

Merci.

-Un selfie ?
-Bien sûr.

-J'irai pas.

J'irai pas. J'en ai marre.

Je vais démissionner, changer de vie.

-Tu vas aller faire la seule chose
que tu saches faire.

Y a des gens qui paieraient
pour avoir ta place.

-Je deviendrai pas comme toi.

-T'es déjà comme moi.

-OK, donc je récapitule.

Après le sujet sur la piétonisation
et les ruches en milieu urbain,

c'est l'agenda de sorties du week-end ?

Quoi ?

-C'est vrai qu'il fallait
qu'elle avale le fait

de passer d'une interview exclusive
du président des États-Unis à...

-OK, l'agenda de sorties.
On avait dit quoi?

Les châteaux de la Loire,
la visite d'un jardin en Normandie

et le musée Picasso à Antibes.
Bah c'est parfait. OK!

Ça Va?

-Très bien.

-Eh oui.
-Alors ? Qui gagne?

-Pour l'instant...
-Moi.

-Non, arrête !
-C'est moi !

Bien sûr, on recommence mais je vais...

-C'est elle.
-Ah ah !

-Tu prends toujours son parti !
Qui gagne là?

-Bah là...
-Qui gagne?

-Qui est-ce qui gagne là?

-Au sommaire,

dans notre édition : bouchons monstres

ce samedi en Île-de-France...

-Maïté a monté le courrier.

-Y a des oufs sans déconner.

-Boum!

-T'es con !

-Papa, c'est abusé.

-Notre agenda sortîes
pour ceux qui souhaitent bouger

en cette fin de semaine.

-Le coup du cercueil, quand même.

-Eh bien,

je lève mon verre à Enquête de sens,

et souhaite autant de succès
au prochain numéro qu'à celui-ci.

Si ce n'est plus.

-M. Guérande ! Encore un ce matin.

Faut prévenir la police.

-Jetez-moi ça.
-Et s'il y a une bombe?

-Vous regardez trop les infos !

Que voulez-vous qu'il m'arrive?

Contre toute attente,
Demaistre s'avérait concret.

-Aucune image vidéo?
-Sa rue n'est pas équipée.

Vous pourriez passer au commissariat?

-Pour quoi faire?
-C'est la procédure.

On a retrouvé des drogues sur lui.

-Et obstiné aussi.

C'était bien joué de sa part.

-Le bâtard !

-En faisant passer mon chauffeur
pour un dealer,

je passais pour un drogué.

-Les photos d'Alain circulent
dans les rédactions.

Il a un sacré réseau, l'enfoiré!

-Nous aussi. J'appelle Kepler.

-Non... Pas la peine.

Tu voulais la guerre ? Tu l'auras.

Mais à ma manière, petit président.

-Il a de la chance, votre ami.

-Pas vraiment.

Il sort de l'hôpital.

-C'est grave ?
-Non.

Un petit accident.

Tout va rentrer dans l'ordre.

-Elle l'aidera à se rétablir.

-C'est le but.

-Je vais demander
à mon assistant de vous l'emballer..

-Non... Je peux pas... Je suis désolée.

-Anne Demaistre est un être exemplaire.

Pas moi.

Il paraît que c'était
un couple très uni.

Je me demande ce qui l'a le plus énervé.

De me voir embrasser sa femme

ou que ces photos tombent
sous les yeux de leurs 5 enfants?

-On débute par l'actu internationale?

-Oui, et après,
le Conseil des ministres.

Insiste là, je me suis coupé
en me rasant.

-Je vais te détruire !

-Arrêtez !

Arrêtez !

Arrêtez !

-T'es mort ! T'es mort!

T'es mort!

-Crash aérien en Colombie,

le secrétaire de l'aviation civile

ne peut donner la localisation
de l'impact de l'appareil.

-Sur ta gueule, peut-être !

-Pauvre con.

-Vous aurez ma démission demain.

“Pour prêter un peu plus le flanc
aux rumeurs? Pas question ! Non.

Il faut rassurer les annonceurs.

-J'ai peut-être une idée.

Si vous permettez.

-Je comprends pas.

-C'est moi, quand j'ai fait
une allergie au homard à Noël.

-Ah... Intelligent!

C'est bien, l'allergie.

“Pas au homard. Trouvez autre chose.

-Dr Godard, les allergies alimentaires
sont-elles toutes

aussi spectaculaires ?

Heureusement, non.

-Il est télégénique, pépère.

-Les stigmates observés
sur Cédric Saint-Guérande. ..

-Tiens.

-Merci, chérie.

-Une allergie doit être traitée

car les complications
peuvent être graves.

-Regarde. Ta tronche tourne partout
sur les réseaux sociaux.

Regarde.

-C'est moi ça ?

-C'est encore Anne Demaistre.

Putain, mais c'est dingue!

Tu la manipules, tu l'humilies,

tout ça pour gagner

ta guéguerre contre son mari,
et même pas tu lui réponds?

Mais tu es qui en fait?

Hein?

Vous êtes qui ?

-... lors d'un choc anaphylactique,
par exemple.

-Mais si nos symptômes
sont plus graves, que doit-on faire ?

Appeler immédiatement le Samu.

-Oups.

Euh... On a une urgence là,
comment dire...?

Ministérielle.

Kepler marmonne.

-Oh !

-Effectivement, pas de taxi.

Bon bah...

J'ai une bonne et une mauvaise
nouvelle pour vous.

Vous allez retrouver vos portables
mais sans les photos.

Je suis un laquais
au service du système, c'est ça ?

-C'est pas faux.

-Mais...

le laquais peut vous éviter

des poursuites pour avoir
badigeonné un ministre

et vous offrir une tribune
dans son journal

pour défendre les intermittents.

C'est à vous de voir.

C'est rien.

-M. le Ministre.

Allez.

-Je suis confus, Élisa...

Sincèrement confus.

-J'espère que c'est de l'acrylique.

-Ah !

-OK, c'est pas de l'acrylique.

-Ah...

Ah...

-Regarde, en plus,
y a plus de gel douche !

Les soirées mousse,
c'est plus ce que c'était!

-Je suis navré de vous infliger ça.

-Elle est belle,

la France d'en haut!

Je sais pas si ça va partir.

C'est de la colle, en fait!

On va lui arracher la peau.

-Ah te voilà !

-Vous m'avez vu ? J'ai assuré.
-Oui, super.

-Cédric !

Je peux te parler?
-Non,

pas maintenant.

-Toujours aussi belle.

Désolé, on va devoir
y aller au white-spirit.

-Hein?
-Oh non...

Sur la peau à vif, il va morfler.

-Ça pour la douleur.

-J'ai ça pour la fatigue.

-Il faut que je te parle.

-Pas maintenant.

-Allez, ma grande.
Soyez courageuse.

Allez.

Allez!

Ça part.

Allez, courage, hop !

Ça part plus vite.

La tête, on y va ?

-Ouais.
-Allez.

C'est un bon ministre, ça !

-Verveine pour tout le monde?

-Camomille.

-Oh...

-Mon amour, un café?

Breaking news.

Élisa est partie.

-Bon vent ! Elle devenait chiante.

-Si jamais tu te sens seul...

Je suis là, moi.

-Arrête !

“Bonjour, c'est Élisa.
Laissez un message après le bip.

-"J'ai reconnu le bonheur
au bruit qu'il a fait en partant."

-Oui, entrez.

Tiens, les 2 grandes !

Avec leurs jambes
qui arrivent sous les bras.

Laissez passer Tonton bonbon.

-Ça va, toi ?
-Salut!

Oh M. Kepler !
Elle est venue, Mme la Ministre!

-Bonjour, Maïté.

-M. le Ministre.

-Et merci.
-Vous êtes pas mal, habillé, aussi.

-Je compte sur votre discrétion.

-Oui, comme toutes les gardiennes,
je répète rien.

-Bonsoir.
-Bonsoir.

-Je dois prendre votre portable.

-Bien sûr.

-Voici votre ticket.

-Merci.
-Bonne soirée.

-Guilaine !

-Oui?

-Cette beauté
s'est fait virer de Blue Télécom

par Jean-Pierre Combes.

Je veux que tu m'invites
cet enfoiré au journal.

M. Combes, rien ne justifiait
la délocalisation du service client,

surtout pas vos bénéfices.

-Il attaque mon successeur
sur la stratégie que j'ai mise en place

avant de quitter Blue Télécom !

C'est moi qu'il attaque en direct, là !

Vous faites de l'excellent travail,
mais il faut savoir garder votre calme.

Vous seul voyez l'agression.

C'est une péripétie.

Appelez-nous pour des motifs sérieux.

-Je n'allais pas le lâcher.

-Connards.

-J'ai ici des documents qui attestent
que plus des 2/3 des employés licenciés

n'ont pas retrouvé d'emploi.

Je le tenais pour totalement responsable
du départ d’Élisa.

J'avais la haine.

J'allais lui faire payer.

Même dans le pire état,

je réfléchissais à ce qui pourrait
faire couler Pourquoi ca ?

Ça avance avec Lassère ?

-Hein?

-Ça avance avec Lassère ?

-Non.

Son staff bloque toutes les demandes
d'interview, c'est mort.

-Non ! C'est pas mort!

C'est toi qui t'y prends mal,
c'est tout.

-C'est impossible, je redis !

-Hé!

Tu sais... J'ai gardé des photos

de ta soirée goudron et plumes!

C'était devenu une obsession.

Je veux

Lassère dans mon 20h !

Et comme vous le savez,

une obsession n'est là
que pour cacher une chose.

“Bonjour, c'est Élisa.
Laissez un message après le bip.

Bonjour, c'est Élisa.
Laissez un message après le bip.

-"Aimer à loisir

"Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !

"Le soleil mouillé
De ces cieux brouillés

"Ont les charmes mystérieux

"De tes traîtres yeux
Brillant à travers leurs larmes

"Là, tout n'est qu'ordre et beauté

"Luxe

"Calme

"Et volupté"

Je venais de dire adieu au luxe,
au calme et à la volupté.

“Salut, bande de bâtards.
On va parler transformation :

changer une mauvaise nouvelle
en bonne nouvelle.

Ton père, c'est une célébrité,
mais aussi un déchet humain.

Tu peux pas sortir
sans qu'on se foute de ta gueule.

Pas de problème, frérot!
Fume plein de joints.

Va chez le proviseur,
il te dispensera de cours.

Et la vie est belle.

Merci, papa.

-Buongiorno amore.

-Mon amour...

Je suis où?

-Dans une clinique.

-Depuis quand?

-Une semaine.

-J'ai dormi une semaine?

-On vous a aidé, mais oui.

-Quelle heure il est?

-Il est 20h02.

Mais je retarde.

-Elle est où la télécommande?
-Hein ?

-La télécommande !
-Là.

Monsieur...

-Il refusait toute interview.
Au cœur d'une tempête médiatique,

nous accueillons
Georges Thierry Lassère,

directeur de la sécurité de l'Élysée.

Bonsoir et merci

de nous accorder
cet entretien en exclusivité.

-La pute !

-Vous faîtes la une

depuis...

-Mais t'as vu le tunnel, la lumière,

le barbu en slip
avec sa couche, et tout?

-Non.

Un trou noir,

et un peu du soutien-gorge
de l'infirmière en me réveillant.

Bon. Ses audiences ?

-Oh... 38.

C'est le secrétaire d'État
aux Affaires familiales

qui l'a aidée pour Lassère.

-C'est qui ?

-Un certain Ségonzac.

-Tu connais ?

-Personne le connaît.
C'est le cousin de Demaistre.

-Balle de break. À moi de servir.

-Bonjour.

-Mademoiselle?

-C'est l'heure de votre cours

de cuisine santé.

-Allez.

-Bonjour.

Votre interview avec le Dalaï Lama

était excellente.

-Merci.

C'était il y a longtemps.

Excusez-moi...

que fait un homme comme vous ici?

-La même chose que vous.

-J'en doute.

Moi, c'est les médocs.

Beaucoup de médocs.

Je suis dépendant, vous savez.

-Comme moi.

Comme tous les êtres humains.

Bonne journée.

-On va mettre une goutte
d'huile d'olive dans la cocotte,

on mettra aussi un peu d'ail
pour ceux qui le digèrent.

On pourra ajouter...

-Quelqu'un a du wifi?

-Le sevrage d'Internet
fait partie de la thérapie.

Venez cuisiner avec nous, c'est amusant.

Il faut mettre les légumes
les uns après les autres

pour respecter leur temps de cuisson.

D'abord les aubergines pendant 10 mn.
On ajoute les courgettes

et les poivrons,
et pour finir les tomates.

On y va?

C'est parti.

Il est important
de penser à ce qu'on fait

car éplucher des légumes
est un exercice de méditation.

Faire les choses en pleine conscience.

-Recette du retour à l'antenne
à la sauce Saint-Guérande.

Prenez un ami
rompu à l'utilisation de Photoshop.

-Voilà.

-Faites-lui rédiger
une note gouvernementale bidon.

Transférez ladite note
sur votre boîte mail sécurisée

espionnée par vos charmants collègues
durant votre absence.

Laissez mijoter.

-Très beau travail d'équipe.

Et on laisse cuire une demi-heure

sans oublier de remuer souvent
mais délicatement.

-D'après Guilaine,

D'Artois a essayé de vérifier l'info.

Si elle agit en pro, on est baisés.

-Elle va agir
en fille qui veut ma place.

Des nouvelles d’Élisa?

-Non, aucune.

Elle a fermé tous ses comptes.
Même son Insta, tu vois le délire?

“Retour en France.

Nous sommes en mesure
de vous annoncer en exclusivité

que le gouvernement pense
retirer certaines fêtes chrétiennes

du calendrier républicain.

-Vas-y, vas-y encore.

-Si Noël et la Toussaint
ne sont pas visées,

Pâques, l'Ascension,

Na Pentecôte et l'Assomptîon
deviendraient

des jours comme les autres...
-Allez.

-Au nom de la laïcité.

-Et tap !

C'est bon !

Yes !

Oh la conne ! La buse!

-Saint-Guérande revient dans le match.

Un set partout.

-L'affaire des fêtes Chrétiennes :
ni Matignon, ni Beauvau

n'ont commenté.

-La dépêche vient d'arriver,

le Premier ministre nie.

-M. Demaistre vient de présenter
ses excuses au nom de La Grande Chaîne.

Depuis plusieurs heures,
les réseaux sociaux s'enflamment

et le hashtag ”CSG revient”
a été repris des milliers de fois.

-Jeu, set et match.

-"La Grande Chaîne s'engage
à augmenter M. Saint-Guérande de 50%.

"En contrepartie,

"celui-ci s'engage à ne plus
troubler la mission de M. Demaistre

"À la tête de La Grande Chaîne,
pas plus que sa vie privée."

Ça veut dire que tu dois plus
galocher sa femme.

"La Grande Chaîne accède
à la demande de M. Saint-Guérande:

"la production du journal sera confiée

"à la société Morgan
Saint-Guérande productions."

Ben voilà.

"Cette société
produira d'autres émissions

"au sein du groupe.

"M. Saint-Guérande s'engage
à ne plus consommer de psychotropes."

-Les gars,

c'est quand même...
C'est pas des bonbons.

-"Pour cela,

"M. Saint-Guérande effectuera
les tests prouvant sa sobriété."

-Tu vois pas que c'est du cuir?
-Ça va !

-Ta braguette.

-"Tout manquement ou contrôle positif
entraînerait son licenciement immédiat

"sans préavis ni indemnités."

-Splendide ! Merci !

J'aurais dû me sentir
renaître, revivre...

Mais vous savez,

on peut avoir du succès,
sembler avoir une vie parfaite,

et faire semblant.

Je pense souvent à ce qu'a dû ressentir
Napoléon après l’île d’Elbe

lors de la marche des Cent-Jours.

Se voir acclamé à nouveau.

Sublime!

Voiries bataillons de l'armée
se ranger à lui,

les uns après les autres.

Voir ceux qui l'avaient lâché
le rejoindre.

S'imaginer la revanche qu'il prendrait
sur ceux qui l'avaient chassé.

Ça va, toi?

Mais alors que tout le pays
se ralliait à lui,

quelqu'un ne l'a pas rejoint.

Sa femme, dont il était fou amoureux.

Je me demande:
qu'est-ce qui dominait chez lui ?

La joie du ralliement de tous

ou la tristesse d'être lâché
parcelle qui comptait le plus?

générique de JT

-4... 3... 2...

-Bonsoir à toutes, bonsoir à tous,

vous m'avez manqué.

En tout cas,

retour gagnant.

Et Thierry a considéré qu'on devait
fêter une si belle victoire.

Seulement, je n'y étais plus.

-Arnaud Ségonzac, votre parti

vous reproche votre tolérance
envers la PMA

pour les femmes...

-Hé ! On peut changer ?

C'est le mois spécial félins
sur National Geographic,

et j’adore les gros chats.

-Chut, Thierry.

C'est le fameux cousin de Pourquoi ca ?

-Pardon.

-Dis, t'es sûr qu'il aime pas la bite?

-Il est fou de sa femme.

-C'est de famille.

-Il paraît que c'est un type bien.

En arrivant,
il a eu vent d'une magouille

montée par les fonctionnaires.
Au lieu de les dénoncer,

il leur a fait rembourser l'argent
et il les oblige à faire du bénévolat

pour expier leur faute.

-Ah bon ?

-Quelle magouille?

-Oh non, arrête tout de suite.

T'as signé un pacte
de non-agression avec Pourquoi ca ?.

-C’était juste une question.

-Oui, prends-moi pour un con.

-Je ne cherche rien d'autre

qu'à engager un dialogue
cordial et républicain

avec des personnes qui estiment avoir

un combat légitime à mener.

“Allô ?

-Fiona, t'es au bureau ?
-Oui.

-Ça te dirait quoi si je t'offrais

ta première enquête?
C'est pas vrai ?

Je commence quand ?

-Je t'en parle lundi, OK?
Mais ça reste entre toi et moi.

-Tu m'as prise pour une débutante?

-Allez, je t'embrasse, à lundi.

-Faut qu'on l'occupe.

-Faut retrouver Élisa.

J'ai fait au plus vite.

-C'est qui ?

-Mon chauffeur Uber. On m'a retiré
mon permis, je te raconterai.

Bon!

Elle était pas avec toi pour ton fric.

Mais ça va pas ! Donnez!
Vous n'aurez pas de pourboire.

-Tu peux descendre.

-Viens plutôt.

La vue est magnifique!

Pourquoi tu me répondais pas?

-Tu le sais très bien.
Je veux pas vivre avec un drogué.

-OK.

Plus aucun excitant,
à part toi, le café et la vitamine C.

Je te promets.

-Tu m'avais déjà promis.

-C'est différent. Croix de bois,
croix de fer, si je mens...

-T'iras en enfer quoiqu'il arrive.

-Tu m'accompagnes ?

-Oh...

Vous faites quoi après?

-T'es là ?

T'étais collé ce week-end.

-Je me suis arrangé.

Tu dois 500 balles au pion
qui m'a pas vu partir.

-Il prend cher pour fermer les yeux.

-C'est les tarifs.

T'as dû faire de sacrées teufs, ici.

-T'as dîné ?
-J'ai pas faim.

-Tiens, ça me fait plaisir.
Y a du gâteau basque au dessert.

-Après 3 assiettes de cassoulet,

ça va aller.

-De quoi je me mêle?
Il est en pleine croissance.

Regarde. Je te le mettrai
dans de l'alu pour ton petit-déjeuner.

-Hé hé!

Tiens !

Ah non mais ho!

Tiens, devine.

Oui, Thierry ?

-Salut, ma tatie !

-Il est con ! Tu fais quoi ?

-On se lave.
-Ah !

“Super ! Maïs on t'attend
pour la validation des sujets, nous.

“Quand on est médecin de campagne
on n'est pas juste médecin.

Ne pensais pas remplir
autant de fonctions.

-Il te fait un super cul, ce fute.

-Je suis psy...
On frappe.

-Je peux

te voir, Cédric ?

“Oui, j'ai vu l'argent couler à flots.

Ils avaient établi des tarifs pour
que des dossiers soient prioritaires.

-Hé ! Allez!

-Je n'avais pas prévu de tomber
sur un scandale aussi grave.

-Hors de question
que ça passe dans Enquête de sens.

Si tu montres ces images,

t'es virée
et tu bosseras plus nulle part.

-C'est de la bombe.

Un trafic en plein cœur
des Affaires familiales!

-En quelle langue il faut te le dire?
T'arrêtes avec Demaistre, OK?

Je bosse avec ce mec.

J'ai une boîte à faire tourner!

Tu t'occupes de ton fils, d’Élisa,
et arrête de faire chier!

Qu'est-ce qui va pas chez toi ?

Générique du JT

-C'est moi !

-Bonsoir à toutes, bonsoir à tous.

-Gaspard ?

-Fusillade en Floride.

Le tireur a fait 5 morts...
-Gaspard ?

Et 8 blessés.

La police tente d'arrêter le forcené
qui s'est retranché dans une boutique.

On ignore ses motivations
et s'il a bénéficié de complicités.

-Gaspard.

Gaspard ?

Gaspard !

-Oh !

-Pardon, je pensais

l'avoir éteint. Oui, Élisa ?

“Passe-moi le gros con.

-D'accord.

Thierry, je crois
que c'est pour toi, c'est Élisa.

-Arrête de m'appeler,

je t'aime bien,
mais faut tourner la page.

-Gaspard est évanoui. Y a des médocs.

J'ai appelé les pompiers.

-Attends,

tu rappelles les pompiers,

et tu annales tout.

S'ils viennent, les flics aussi.
Balance tout, j'arrive.

-Je vais pas le mettre en danger

pour vous couvrir.

-Fais ce que je te dis!

-Va te faire foutre !

-Qu'est-ce qui se passe?

-Rien, je... Je dois passer chez CSG.

-Je t'accompagne ?

-Non.

C'est rien.

Je vous appelle.

“Notre reporter s'est rendu
dans une prison

pour témoigner
du mal-être des surveillants.

-Oui ?
-Rejoins-moi chez CSG.

-Je peux pas, j'attends un patient.

-T’oublies ton rendez-vous.
Gaspard a un problème, OK?

-Allez.

Allez, Gaspard, on y va.

Allez...

C'est quoi ça?

-Vague de froid en Italie,
le bilan atteint déjà 7 morts en 48h.

Portable
On redoute d'autres victimes,

“es prévisions annonçant
des températures inférieures à -15°.

-C'est qui ?
-Je sais pas.

-Maïté, rappelez-moi vite.

“Aujourd'hui, c'est jour de chance
car j'ai trouvé ça.

C'est des amphéts, bande de bâtards.

Merci, qui ? Merci, papa.

“Allô ?

T'as rappelé les pompiers?

-Si son fils crève,

il paiera pour ça.
Et toi aussi, je te jure.

-Mais de quoi tu parles?

-Selon la justice tunisienne,
les 4 suspects arrêtes

pour leur lien avec le terroriste...

-Il est en forme, là.
Hein ? T'as vu comme il est beau?

“Salut, bande de bâtards,
on va parler défonce maison.

T'es seul tout chez oit, t'as la flemme

d'aller t'acheter ta boulette
mais tu le veux, ton kif.

Va dans fa salle de bains
de tes darons, tu trouveras

toujours une douceur.

Sirop pour la toux, codéine,

antidouleur, antihistaminique.

Et aujourd'hui, c'est jour de chance
car j'ai trouvé ça.

Des amphéts, bande de bâtards.

Merci, qui ?

Merci, papa.

-Oh non, non, non...

-Allez...

Réveille-toi... Gaspard !
Gaspard, réveille-toi.

-Vous foutez quoi?
Les clés ! Les clés, vite !

-J'arrive.

Voilà.

-Ah !

-Espèce d'enfoiré !

T'es qu'une ordure, comme ton pote!

-Hé ho, on se calme.

-Je vais la balancer,

la vidéo.
Tout le monde saura que c'est

qu'un putain de drogué!

-Qu'est-ce qui se passe?

-Gaspard est en haut
dans la salle de bains. Vite!

T'es content?

Laisse-moi !
-Calmez-vous.

-Je te demande pardon.

Il a arrêté.

-D'où sortait cette merde?

-J'en sais rien, moi !
Un vieux fond de stock, sûrement.

Je te jure sur ma mère qu'il est clean.

Dis rien aux flics. Ça ferait pas
du mal qu'à lui. Pense au gamin.

-Je lui ai sauvé la vie,
alors lâche-moi.

-Donne son téléphone.

-Faites ce qu'il dit, Élisa.

Faut pas faire ça. Faut pas.

-Vous vous voyez ?

Son fils a failli crever,
et vous pensez qu'à le protéger?

-On l'aime, c'est tout.

C'est quelqu'un de bien.

-J'hallucine.

Vous êtes cinglés.

-Oh là là,
va falloir que tu m'aides, chaton.

Voilà...

Allez, hop.

Effacer !

-Ta mère te rejoint à l'hôpital.

-Les pompiers l'emmènent, ça va aller.

Je raccroche, Guilaine m'appelle.

-Je l'ai trouvé inconscient.

-Guilaine...
Le gamin a fait une connerie.

-Je sais pas ce qu'il a pris.

-Les pompiers l'emmènent

au Val de Grâce.

-OK.
-Je te laisse.

-Tu me tiens au courant?

Gaspard est au Val de Grâce.

-Ce JT touche à sa fin.
Merci à tous pour votre fidélité.

À suivre le 2e numéro
d'Enquête de sens qui sera consacré...

-Le prompteur déconne ?

-Bah non.
-Ça va pas ?

Qu'est-ce que t'as ?

-Si tu m'entends, cligne des yeux.

-Veuillez me pardonner.

Ce nouveau numéro
sera consacré aux déserts médicaux.

En fait, un autre sujet

aurait dû être diffusé
s'il n'avait risqué

de salir un membre du gouvernement,

Arnaud Ségonzac, secrétaire
d'état aux Affaires familiales.

Je regrette cette entrave
au droit à l'information.

On montrait certains agissements
au sein de ce secrétariat d'état

que vous auriez dû connaître.

Je vous donne rendez-vous
malgré tout dans quelques minutes.

-L’enculé.

-La météo présentée par Louise Tillier.

-Générique.

-M. le Premier Ministre,

que me vaut l'honneur ?

-Bon, 15mn.

-J'y vais.

-M. Morgan ?

Après ce qui s'est passé ce soir,

ni vous ni Saint-Guérande
ne travaillerez plus jamais pour nous,

vous m'entendez ?

-T'es avec lui ?
-Je suis dans le couloir.

Ils lui font un lavage d'estomac.
J'attends.

-Je fais au plus vite.

-Moi, je pars d'ici.

-Allez...

Décroche !

-CSG, messagerie.

-Je vais chercher
un cacheton pour te détendre.

-Non. Ça va, ça va.

-C'est pas si grave.

-Non!

Je suis juste totalement grillé mais...
C'est pas grave !

On a tout fait ensemble, tout.

Je lui ai monté tous ses coups,
tous ses invités.

J'ai fait ses JT de merde,
ses émissions... Tout, tout!

Son pognon, c'est grâce à moi, hein ?
Il était rien avant moi.

Et comment il me remercie, ce chacal ?

Cet enfoiré... Tu vas voir,
je vais te flinguer la gueule, moi.

Tiens, voilà.

Elle est où la vidéo du gamin?
Là ? Regarde ce qu'on fait.

“Salut, bande de bâtards,
on va parler défonce maison.

T'as la flemme d'aller t'acheter
ta boulette mais tu le veux, ton kif.

Pas d'angoisse :
va dans fa salle de bains de tes darons

et tu trouveras toujours une douceur.

Sirop pour la toux, codéine,

antidouleur, antihistaminique.

Aujourd'hui, c'est jour de chance
car j'ai trouvé ça !

Des amphéts, bande de bâtards !

Merci, qui ?

Merci, papa.

“Bonjour, c'est Élisa.
Laissez un message après le bip.

-Il est où?

-Tu verras plus ton fils. Sors.

Sors d'ici.

Dégage!

Fous le camp !

-Viens. Allez, viens, laisse tomber.

Les cons, ils sont déjà là.
On fait quoi?

-Roule.

Dis-leur que je prends l'antenne.
Guilaine, fais ce que je te dis.

-2... 1...

-Bonsoir toutes, bonsoir à tous.

Pendant 18 ans,
au moment de vous quitter,

fie vous ai dit “à demain”.
Mais ce soir,

je vous quitte définitivement.

-Caméra.
-Je le fais

pour être en paix.

Au cours de ma carrière,
j'ai eu des millions d'amis, vous.

Mais... Un terrible ennemi... Moi-même.

J'embrasse mon fils
qui est tiré d'affaire.

Et ma mère.

Je vous embrasse tous.

Et je vous dis adieu.

C'est ce qu'on appelle
une mort médiatique de 1re classe.

En réalité,
ce n'est pas de ma fin dont il s'agit.

C'est de celle d'une époque.

Les bonnes audiences

sont aussi ailleurs maintenant.

-Moi, je comprends rien au titre.

Certains vont dire que ça me ressemble.
Moi, je dirais plutôt une femme.

-Mais non !

C'est un comportement d'homme!
J'ai mon idée.

-Rien à voir avec moi.

À part peut-être la cravate.

-Tous les personnages

m'ont fait penser à quelqu'un, sauf moi.

-Ça me concerne absolument pas,

mais je sais qu'un type comme lui
fera tout pour revenir à la télé.

-C'est sûr.
-On décroche jamais.

Jamais. Jamais.

-Eh bien moi,

j'ai décroché.

On peut décrocher.

Ou pas !

“Bonjour à toutes,

bonjour à tous.

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