Promise at Dawn (2017) - full transcript

From his childhood in Poland to his adolescence in Nice to his years as a student in Paris and his tough training as a pilot during World War II, this tragi-comedy tells the romantic story ...

light uproar

suffered lightweight

roar

very distant bells

light whispers

joyous cries

Mexican Music

firecrackers

Klaxon

-Thank you.

Goodnight.



-Goodnight.

-Romain ?

Romain ?

Romain.

Romain? -Permîtame.

distant festive hubbub

-Romain! What is happening ?

-I die.

English -II is a doctor in the hotel?

Help me.

-Stop. Take me to Mexico!

I do not wanna die here, Lesley. Romain, you are not serious.

It is 5 hours away.

-Shortly matter. Call a taxi.



I want to die in Mexico, not here.

It will be like that. Cope, Lesley.

You are my wife, after all.

festive hubbub

-Attention your head, darling. -Yes.

-Qu'écrivez you?

-A testament, Lesley.

-A testament of what?

-A book.

A book about my mother.

* Mexican Music -You can drop?

* Tenuous Music

-For 44 years, I have loved France with all my heart

since that's all I have left of my mother.

But is it possible to love one being at this point, it was your mother?

Soft music

-I scared you ? I knew you was going through there.

It went well in school? -Way.

What? They do not understand you.

Here.

One day you have a car.

And you will be ambassador of France.

Kiss Me.

Go home, you expect Aniela.

-We live in Wilno, Poland.

She fashioned ladies' hats.

It was cold. The snow rose from the ground along the gray walls.

Polish Roman, a kiss?

It was the school? -Well.

Come, I have prepared a chocolate.

A good chocolate.

This coat will he be removed? It will remove?

She laughs.

Blown is hot.

Okay.

Someone knocked.

-Police ! Police !

-Mme Kacew is not there. I work

with her. -It comes when?

-She is, it comes. She went door-to-door.

What is happening ?

What are you doing home? -Nina Kacew?

Herself. -Your papers.

-I go.

-You just Russia? -Moscow.

-You have arrived when? -II 3 months ago.

-What's this ?

-Of ladies hats. I sell.

-Search. Dig all.

According to the neighbors, you have illegal material.

What are you doing ? Not that !

-Pay attention !

-What are you looking for ? -Dégage.

-You enter my home without permission and without warning?

-We have a complaint for concealment.

All is in order.

-A complaint that?

Who ?

-These machines are you?

-We took them. We bills.

-Saletés!

You believe that you will do me from here?

Go for it !

Fou ... ez!

All !

Continue! It is too rich! It's too much!

can

Sigh

She hiding?

The vermin who called the police on my back.

She hiding?

Come on! Come on!

Look me in the face!

What do you want ?

-You know who you are.

Not sure who you have the honor of speaking.

Look at the.

It's my son.

It will ambassador of France.

Writer!

Knight of the Legion of Honour !

General!

He will dress in London!

mocking laughter

-No event was more important than that laugh.

It was one of the most painful moments of my life.

But I owe what I am.

light uproar

distant bells

My mother made me understand that man can not be ridiculed.

-lls know who we are.

We will not let deal like that.

They do not know.

My mother had a taste of revenge and wanted to confuse his enemies.

The ruse she imagines was singularly daring to Wilno.

She could send us once again on the road.

-Come quickly. Hurry up!

-It's you

Nina Kacew?

My mother had been a French actor-singer, talentless

and hopeless

called Alex Gubernatis, vegetating in Warsaw.

Nice to see you, Nina ... -L'argent.

Nice to meet you…

-Fous the hell!

The Screaming Man.

Nina Oh, no! Oh, Nina!

melancholy song

light snoring

-It's pretty. -Yes.

-I a hole.

-A hole ? It did not start, you can not have!

"Silence, ladies."

—Silence, mesdames, silence.

-Fais un geste.

-Silence, mesdames, silence.

—Non, plus solennel. Un geste !

Vas—y : "Silence, mesdames, silence !"

-Silence, mesdames, silence !

Pourquoi "silence" ?

—Le salon sera rempli, tu comprends ?

Rempli des femmes les plus riches
qui veulent rencontrer

Paul Poiret en personne !

-Lejourv…toùeHeputannoncer
danslesjournaux

que M. Paul Poiret viendrait inaugurer
les salons "Maison nouvelle"

le mardi 6 février à 16h.

Brouhaha

Bienvenue.

C‘est plein.
Elles sont toutes venues.

-Je dois boire quelque chose.

-Paul Poiret empesterait la vodka ?
-Juste un verre.

Après je mettrai de l‘eau de Cologne.

-Tiens.

Merci.

Brouhaha

Mesdames.

Merci d'être venues si nombreuses

pour accueillir
le plus grand couturier parisien :

Monsieur Paul Poiret !

Applaudissements

-Silence, mesdames, silence !

Je suis heureux

d'être ici aujourd'hui

pour inaugurer les salons

de celle qui, par son talent,
son goût et son savoir—faire,

a gagné le droit d‘être
l'unique représentante

de Paul Poiret à Wilno.

Veuillez applaudir mon ambassadrice

et amie, Nina Kacew.

-Je sais aujourd'hui ce qu‘elle voyait :
elle voyait le vrai Paul Poiret

réclamer le silence
pour vanter son inspiration.

-Savez—vous comment Nina

m‘a parlé des Polonaises ? Vous seules
portez la fourrure avec grâce.

Les Méditerranéennes ne savent pas !

-Et Paris ?

Vous connaissez Man Ray,
Mistinguett, Maurice Chevalier…

-Clotilde, du Moulin Rouge,
dit que mes chapeaux

habillent si bien une femme
qu‘elle pourrait être nue.

Rires gênés

Dire que la mode

tente d'effacer ces formes !
On devrait pas !

-Monsieur !

—Silence,

mesdames, silence !

Silence.

La digue du cul
Je rencontre une belle

La digue du cul

Je rencontre une belle
Qui dormait le cul nu

La digue, la digue

Qui dormait le cul nu

La digue du cul, la digue du cul
En revenant de Nantes

-Et maintenant,
pour remercier Paul de sa venue,

écoutons un chant
qu‘il reconnaître certainement.

Romain !

-Allons enfants de la Patrie...

C‘est ainsi que Maison Nouvelle,
salon parisien,

fut lancée avec éclat.

Le jour-même,
Gubernatis repartait pour Varsovie.

Musique douce

Toute la riche clientèle de la ville
vint s‘habiller chez nous

et l‘argent afflua dans nos caisses.

Violons

Ma mère espérait
que je serai un virtuose violoniste.

Je voulais devenir tout
ce qu'elle attendait de moi.

Je l'aimais trop pour comprendre

que ses rêves
étaient naïfs et démesurés.

-À toi.

Montre—nous ce que tu sais faire.

Il joue mal.

-Je ne veux pas que tu renonces.

Tu renonces pas.

-Tu lui as dit que j'étais doué
et qu'il en mangerait son chapeau !

-Mais tu es doué, Romain.

Tu es doué.

Je veux que tu y retournes demain.
-Non, jamais !

Ce fut une grande déception,
mais on n‘évoqua plus cet épisode.

Machines à coudre

-Non ! Tu peux pas être peintre.
-Pourquoi ?

Je sais que je peux y arriver.
J‘aime ça.

—C‘est comme ça, pas peintre !

—II est doué, Nina.
-Et alors ?

À quoi ça a servi à Van Gogh

et Gauguin d'avoir été doués ?

Je ne veux pas
que tu peignes.

-Je peux y arriver, maman.

-Van Gogh s'est suicidé à 35 ans.

Tu as peut-être du génie,
mais ils te feront crever.

Je veux que tu sois célèbre
de ton vivant.

Musique douce

-C'est ainsi que la musique
et la peinture écartées,

nous nous résignâmes à la littérature.
Ma mère n'avait rien contre elle :

Goethe avait été couvert d‘honneur,
Tolstoï était comte

et Victor Hugo,
président de la République.

Elle tenait à cette idée.

-Montre-moi.

"On ne peut plus te voir.
Tu es comme la lumière.

"Un tissu écossais, et boum !
C'est l‘explosion.

"Adieu petit dragon… Envolé..."

Et la suite ?

-Dans les airs.
Tu te croyais trop fort,

Ô toi, caméléon.

—Tu seras Tolstoï, mon fils.

Tu seras Victor Hugo.

Charleston

-Rien ne fut oublié
pour faire de moi un homme du monde.

-Plus fort, le talon.

Le buste bien droit. lnclinez-vous...

En polonais

Ne pas déposer

le baiser.

-Je m‘appelle

Sverdlowski.

Nous allons apprendre.
Vous devez regarder et écouter.

En position. Feu !

Tirs

-Comme tu es beau !

—Je veux pas mettre ça.
—Comment ça ?

-On va se moquer !
-Mais !

C'est la plus belle pelisse de la ville.

C'est les jaloux qui se moquent.
—C‘est ridicule ces trucs !

-C'est des queues d'écureuil argenté.

-S'il te plaît, maman.

-Je sais mieux
que n‘importe qui ce qui te va.

Mets-la pour moi.

Piano

-Quand un film avec Mosjoukine passait,
nous allions au cinéma.

Ivan Mosjoukine, le grand acteur russe,

jouait des héros et des aventuriers.

Il sauvait des empires,
triomphait à l‘épée et au pistolet,

enlevait de belles captives,

subissait sans broncher la torture

au service du tsar. Les femmes
mourraient d'amour dans son sillage.

Et moi, je regardais

en frémissant à l'idée de tout
ce que ma mère attendait de moi.

—Quand j'étais actrice en Russie,

je jouais dans les théâtres.

J'ai joué avec Mosjoukine.

À l‘époque, il était déjà célèbre.

Tu sais ce qu'il m'a dit,
quand tu es né ?

Il m'a dit:

"En dehors de ton fils,
rien ne t'intéresse."

Alors j‘ai arrêté.

J'ai arrêté le théâtre pour toi.

Tiens, mets ça.

Regarde-moi.

Plus dur.

Encore plus dur.
Comme un homme.

Avec ce regard, tu feras
souffrir les femmes, comme lui.

Violons

Brouhaha joyeux

-À 9 ans, je tombai
amoureux une 1re fois.

Ce fut une passion violente, totale,
qui m'empoisonna l'existence.

Elle s'appelait Valentine.

Résolu à la séduire immédiatement,

je lui ai montré
mon regard le plus dur…

—Salut.
—Salut.

pour la subjuguer.

Qu'est—ce que tu fais ?

T‘es pas normal.

T‘es fou dans ta tête ?

-Valentina !
-Valentina !

Brouhaha

Valentina.

-On va au cimetière.
Tu viens ?

Fils à maman !

-Allons-y.

Où sont les autres ?

—Je leur ai dit de nous laisser.
—Pourquoi ?

-Je leur ai dit de nous laisser,
c'est tout.

On va faire quoi ?
-Je sais pas.

-Jan a mangé plein de choses
pour moi.

Même de la terre.
-Je peux le faire aussi.

-Je vais t‘en donner.

Tiens, une fleur. Mange.

-Et mon martyre commença.

-Je t‘ai vu !

Qu'est—ce que tu fais ?

—Ça te regarde pas.
—Quoi ?

Il mange de la terre pour toi.
-Laisse-le !

-Je l'ai pas touché.
Pour qui tu te prends ?

-Pour personne.

—Ça suffit !
—C‘est toi, l'ambassadeur ?

-Tais—toi, maintenant.

Tu te prends pour qui ?
Je retourne à la fête.

-Tu es content ?

-Hé !

Rends—moi ça.

Chahut

Rends—le !

Rends—le—moi.

—Tu as vu l'heure ?

Et dans quel état tu reviens ! Hein ?

Dans quel état ?

Tu t'es battu ?

Y a trois raisons qui méritent
que tu te battes :

les femmes, l'honneur et la France.

C'est une des trois ?
-Oui.

—C‘est bien.

-Alors j‘ai compris que l'amour
que j'avais à la maison

n’avait aucun rapport
avec ce qui m'attendait dehors.

Valentina, tu es là ?

Cris de dégoût

-Vous savez pourquoi vous êtes là.

Chacun son tour.
J'embrasse celui qui en mange le plus.

—Avec la coquille ?

Evidemment.

Jan, tu commences.

Craquement

-Putain.

Cri de dégoût

Il crache.

Elle rit.

Craquement

—Tu le regretteras !

Je vais te le faire payer.

Tu vas le regretter.

Musique douce

Rires

-Je sentais qu‘il fallait
aller beaucoup plus loin.

Je vais la manger pour toi.

À cette époque,
j‘étais convaincu que c'était ainsi

qu‘on faisait l‘amour.

-Merci, docteur.

Bonsoir, mesdames.

Au revoir.

—Oui.
—C‘est vrai ?

-Dis-moi que c'est pas vrai !
Dis—moi que c'est pas vrai !

Tu as mangé un soulier pour une femme ?
—Je l‘aime.

-Comment ça tu l‘aimes ?
La petite Bronsky, cette traînée ?

Elle t‘a fait des cadeaux ?

Quand tu seras ambassadeur,

tu auras les plus belles femmes
du monde à tes pieds.

Elles voudront mourir pour toi.
Tu les feras souffrir.

Alors tu oublies la petite Bronsky.

Sonnette

Qu'est—ce que tu veux ?

-Je peux parler à l‘ambassadeur ?

—Attends ici.

—Tu veux quoi ?

-Valentina m'a dit de venir te chercher.
Tu viens ?

Brouhaha

-Oui.
-Elle attend là ?

Pofle

Choc

Soufer

-C'est lui ?

-Oui.

-Je sais ce qui s‘est passé
avec ma sœur.

-C'est qui, ta sœur ?
-Valentina.

-Je t‘ai jamais vu avec…

-C'est moi qui pose les questions.

C'est ma sœur
et c‘est sa copine.

Si tu la laisses pas,
je t‘arrache le nez et les oreilles.

Compris ?
-Oui.

-Dis "J'ai compris" !
—J‘ai compris.

-Je te reconnais, petit rat.

Ta salope de mère
dit qu‘elle va partir en France

avec son petit génie
pour vendre ses chapeaux.

—Pourquoi t‘es encore là ?

-Les écoles prennent personne
en cours d'année.

-Tu crois pas plutôt
qu‘ils acceptent pas

les vieilles putes juives !

Cours !

COURS, LE JUIF ! COURS!

Choc

—Écoute—moi bien :

la prochaine fois qu'on insulte ta mère,

je veux qu'on te ramène
sur des brancards.

Tu comprends ?
Même s‘il reste pas un os intact.

Sinon, c‘est pas la peine

de partir en France !

Rappelle-toi ce que je te dis.

Rappelle—toi ce que je te dis.

À partir de maintenant,
tu vas me défendre.

Qu‘importe ce qu‘ils te feront
avec leurs poings,

c'est le reste qui blesse.

Tu vas te faire tuer au besoin.

Allez !

Finis ton repas.

Sonnette

En polonais

-Mme Podowska est dans le salon.

Elle demande encore un crédit.

—Avec tout ce qu'elle nous doit ?

-Nina !

Enfin, vous voilà !

Je me demandais
quand j‘allais vous voir.

-Vous savez
que je ne suis jamais loin.

-Nina.

Vous pourriez retoucher les robes
pour vendredi ?

-Mme Podowska, Aniela me demande

si on doit envoyer la note
à votre mari ?

-Ma chère,
je compte sur votre discrétion.

Je viendrai vous régler

la semaine prochaine.

-Alors, nous pourrons vous livrer
les robes et les chapeaux

la semaine prochaine.

-Que voulez-vous dire ?

-Votre facture est élevée

et nous n'avons reçu
aucun acompte depuis deux mois.

-Vous sous-entendez

que je ne vais pas vous payer ?

Dites-moi,

que je me puisse me faire
une opinion sur vous.

-Non.

Évidemment que non.

Je vous fais confiance.

Aniela.

Emballez les chapeaux et retouchez
les robes pour Mme Podowska.

Mettez tout sur son crédit.

Musique calme

—Le prestige de Maison Nouvelle

était plus reluisant
que son chiffre d'affaire.

-Les filles ne veulent plus travailler.

L‘huissier a dit que…

—Je me fiche de ce qu‘il a dit.

-Romain ! Viens, mon petit.
Viens, que je t'embrasse.

—Les difficultés s'étaient accumulées.

Aniela décida de retourner
vivre chez elle.

Notre séparation fut terrible.

Nous étions certains
de nous embrasser pour la dernière fois.

—J‘ai une affaire importante à régler.

Je reviens

tout à l‘heure.

Musique douce

Sonnette
Aboiements

Bonjour.

J‘ai rendez-vous
avec Mme Podowska.

Dites-lui que son amie Nina
est venue la saluer.

—Que voulez—vous ?

-Pardon de vous déranger,

mais je ne vous vois plus au salon.

Vous comprenez,

j‘aimerais savoir
quand vous pourrez me régler.

Pour être honnête, les temps sont durs,

et les traites
ne se paient pas à crédit.

-Vous m‘ennuyez
à toujours réclamer de l'argent.

J'aurais dû me méfier.

Mes amis m‘avaient prévenue,

mais je leur disais que,

bien quejuive,
vous étiez quelqu‘un de bien.

Et je me suis trompée.

Allez, au revoir.

—Tu t‘en sortiras pas comme ça.

—Tadek !

-Voleuse !

Honte à toi !

Tu vaux pas mieux

que la vermine
qu'on met aux fers !

-Allez, va-t‘en.

-Tout Wilno va savoir
que la Podowska est une voleuse !

-Fous le camp.

-J'espère que tu rôtiras en enfer !

Grosse truie !

-J'appelle la police.

Musique triste

-Romain…

Tu es là?

On va quitter cette ville.

Tu vas aller étudier en France,
je te le promets.

Bris de verre

-Après des efforts désespérés,

le combat fut perdu,
et nous fûmes déclarés en faillite.

*Tango

Madame, me feriez-vous l'honneur ?

-Non, mon chéri.

-S'il te plaît, maman.

-Je veux pas.
-S'il te plaît.

-Pas de tango.

-Je me fis la promesse de redresser
le monde et de le déposer à ses pieds,

de donner un sens à son sacrifice,

d'être digne d'elle.

J‘allais consacrer ma vie
à cette tâche.

-Lesley, vous lisez ! C‘est pas vrai !

Vous êtes la pire emmerdeuse
que j'ai connue !

—lt’s wonderful, Romain.

—Wonderful, oui !

Perversité de l'ironie anglaise.
-Ce n'est pas ironique.

Je vous en supplie, laissez-moi finir.

Klaxon

*—Nice. Nice. 10 minutes d‘arrêt.

-Oui ?
-Monsieur ?

—Oui.
—Vous nous aidez ?

—Attention.

Vas-y, aide—moi.

Attention, c'est très fragile.
-Je vais faire attention.

-J'ai gardé de ce contact
avec la France le souvenir d'un porteur.

Nous lui confiâmes notre coffre
qui contenait notre argenterie russe

dont la vente assurerait notre avenir.

*—Gare de Nice, 10mn d‘arrêt.

—Nous allons avenue de Shakespeare.

—Non, allez voir Rinaldi et sa poubelle.

-C'est vous Rinaldi ?
—Oui.

-On va avenue de Shakespeare.

—Je vais pas pouvoir la prendre.

-Vous avez vu votre voiture ?
C'est pas ma malle qui va l'achever.

Va derrière.

-Y a des jours où on ferait mieux
de rester couché.

On y est presque.

-Viens voir... Viens voir.

Mouettes

-La mer Méditerranée.

Elle eut sur moi un effet bouleversant.

Depuis cejour, quand je la regarde…

-Viens.

-Elle me débarrasse de mes soucis.

-Tu vois ?

Ce samovar

me vient de ma mère,
comtesse à la cour du tsar Nicolas II.

Elle a réussi à sauver
cette pièce inestimable lorsque...

Vous savez...

Je ne peux pas parler

sans que ma gorge se serre.

-Vous savez valoriser les objets

que vous présentez,
mais vous avez un problème majeur.

—Lequel ?

—Je peux être franc avec vous ?

Vous n'avez pas les bons objets.

-Le service du Tsar Nicolas II ?

—C‘est le 5e qu‘on me présente,

et vous en demandez une fortune

que personne, ici,

ne vous donnera. Pose-le.

—Une fortune pour un objet authentique !

Vous me parlez de copies,
mais moi, je vous présente un original

qui a vu des crimes sanglants !

-Associons—nous.

Vous jouez la comtesse russe ruinée...

-Que je suis.

—Que vous êtes.

Et vous démarchez avec des objets
de ma boutique dans les hôtels

de la côte.
-Quels objets ?

-Des bagues, des montres…
Des choses plus attrayantes.

-Et qu'y gagne—t—on ?

—10% sur la vente.

Et pour vous montrer
que je suis sérieux,

je vous avance un acompte sur les ventes

à venir.

-Nous étions sauvés.
Et par un Français.

Musique douce

Il crie.

-Tiens.

-Les années passèrent.
En plus du travail pour M. Sérusier,

ma mère eut des vitrines
dans des hôtels

et vendit des appartements.

-Prêts ?
-OUI.

-Et investit dans le nouveau taxi
de Rinaldi.

Nous connûmes une période de paix
et de tranquillité.

*Chanson rythmée

-Je voulais pas

être indiscréte...
Votre mère dit que vous êtes un génie

de la littérature.

J‘ai fait la curieuse.

Je m’appelle Mariette.

Enchantée.
Enchanté.

-Votre mère m'a spécialement chargée
de votre bien-être, je m'occupe de tout.

Le linge, le repassage,
cirer les chaussures, le lit...

Tout !

Tous les matins,
vous ne devez pas vous inquiéter !

*Chanson rythmée

-Pardon.

Elle chantonne.

-Vous n‘êtes pas là
pour écouter de la musique.

-Bien sûr, madame.

-T‘énerve pas,
c'est moi qui l'ai mise.

-Ah ?

Tu peux la remettre, si tu veux.

-Je vous ai pas dit !
Hier, j'ai croisé votre mère.

Elle parle de vous comme si
vous étiez un prince charmant.

"Mon Romain par-ci,
mon Romain par-là."

C'est parce que
vous êtes son fils, mais…

Elle soupire.

Quand même, ça finit
par me faire quelque chose.

Elle rit.

*Chanson calme

-Mariette prenait dans ma vie
une importance grandissante.

Cela commençait au réveil.

Certains matins où je n‘avais pas école,
je traînais au litjusqu‘à son arrivée.

Bonjour Romain.

Romain.

-Ce que femme veut, Dieu le veut.

Le miracle se produisit enfin.

*Musique rythmée
Cris

—Qu‘y a-t-il ?

Mariette crie.

Ecoutez—moi.

-Tu as osé toucher

à mon petit ?
-C'est vous...

-Va-t‘en avant que je te jette
parla fenêtre !

Kurva!

Fous le camp ! Je veux plus jamais
te voir ici ! Va-t‘en !

Romain ! Romain, viens ici.

Où tu vas ? Viens ici,

Romain !

Si l'autocar n'était pas tombé
en panne, je n‘aurais jamais rien su !

Tu ne m‘aurais rien dit !

Devant mes yeux de mère,
elle a osé faire ça,

cette chienne !

-Fous-moi la paix
et occupe—toi de ta vie.

J'en peux plus
de te voir décider de tout.

Tu m‘étouffes !
Un jour, je vais me tirer d‘ici.

-Romain, tire.

-Ma mère fit sa meilleure affaire
dans la vente d’un immeuble

et le propriétaire accepta
qu‘elle le transforme en hôtel.

Ma mère fut immédiatement
à la hauteur des circonstances.

Elle se rendait au marché de la Buffa
où elle régnait incontestablement.

—Je prends.

Tiens.

Bonjour.
Bonjour Nina.

Regardez-moi ça ! Regardez

comme c‘est beau.
Coupez-m‘en 10 tranches.

—Et avec ça ?

—C‘est tout.

—Madame!
-Maman!Mamanl

Appelez un docteur !
-Laissez—la respirer.

-S'il vous plaît.

Mesdames.

-Maman, ça va ? Hé ?

Tu m‘entends ?

-Hé, Nina.

Qu‘est-ce qui s‘est passé ?

-C'est votre mère ?
—Oui.

-Elle est diabétique ?

—Je comprends pas.

-Tenez.

—Pourquoi t‘as rien dit ?

—Ça te regarde pas.

On peut vivre avec ça au moins 100 ans.

-T‘es malade depuis 2 ans
etj‘en sais rien !

Tu me caches autre chose ?
Dis-le maintenant.

-Je vais pas crier
dès queje me pique.

-Tu te fais des piqûres ?

-Garde ça pour toi.
Personne n‘a besoin de savoir.

Bris de verre

-Rinaldi ! Vous savez combien
me coûte ce vin ?

-Oui, ben Nina, je suis taxi !

Pas livreur !

-Romain. Romain !
Va aider Rinaldi et ses petits bras.

—C‘est bon, je m‘en occupe. C'est bon.

Sonnette

-Monsieur.
—Mme Kacew, je présume ?

—Oui.
Enchanté.

Je suis M. Zaremba.
J'ai fait réserver une chambre.

-Oui, M. Zaremba.

Vous êtes Polonais ?

-Comme vous Madame,
il me semble.

-Oui, enfin...

Je vous présente mon fils, Romain.
Il écrit des livres.

Bienvenue.

—Vous écrivez si jeune ? lmpressionnant.

Je suis moi-même artiste—peintre.

-Veuillez signer le registre
et régler la semaine d‘avance.

-Ah, mais bien sûr,
ce n'est pas un problème.

-M. Zaremba allait à l'encontre
de l'opinion de ma mère

sur les peintres voués à la déchéance.

Une seule explication :
il devait être dénué de talent.

-On sert le petit-déjeuner
entre 7h et 9h.

Si vous avez besoin de quoi que ce soit,
descendez à la réception.

—Tenez jeune homme.

-Merci.

Merci beaucoup.

Venu pour quelques jours,
il resta un an.

Cigales

-Oh ! M. Romain !

Ne bougez plus un instant.

Voilà... Voilà…

Reculez votre jambe droite.

Sur la chaise. Profitez de la chaise.

Le bras. Regardez—moi.

Voilà, envolez—vous. Bien.

Regardez—moi.

-J'ai une crampe.
-Un peu de courage, Romain !

J'ai une confession :
j‘aimerais rencontrer votre mère.

Je sais qu‘elle vous porte haut
dans son cœur,

mais je ne suis pas exigeant,

je me contenterais de la 2nde place.

Je ne vous choque pas ?

—Pas du tout…

Il soupire.

-Si votre mère acceptait

de partager avec moi
cette tendresse qu‘elle vous donne,

vous deviendriez un homme
qui compte plus sur lui-même.

Il n‘estjamais bon
d'être fils unique.

Merci. Je vous libère.

Pour vous remercier,

un petit cadeau :

une de mes modestes œuvres.

-Merci.

Essayez de venir vous promener
du côté du Royal ce soir, on y sera.

-Ah !

Musique douce
Brouhaha léger

Madame.
-Merci.

Valse

-Bonsoir. J'ai commandé
une bouteille de champagne

et ce serait un honneur
de la partager avec vous.

-Bien sûr, avec plaisir.

Valse lointaine

Entrechoquements

-Vous aimez le champagne ?

-Oui.

-Un ange passe.

Je crois à la présence des anges.

—Tu n'inviterais pas ta mère à danser ?

Madame, sans vous offenser...

Valse

-Avoir Zaremba pour beau—père,

je pourrais me jeter
dans une vie d‘aventures

sans me FGDFOChGF
d'avoir abandonné ma mère.

Maman !

—Oh ! Fallait pas.

Merci.
-Je dois te parler.

-Qu'y a—t-il ?

—Écoute, c'est un homme très bien.

-Qui ?
—Zaremba.

-C'est pour ça que tu es là ?
Pour me parler de lui ?

-II a une propriété en Floride.

Bris de verre

Maman...

Maman !

—Sortez de là !

-Je peux pas t'aider, lui, si !
-J'ai pas besoin d'aide !

-Non ? Tu es malade
et il faut attendre pour passer le bac.

Plus 3 ans de licence et 2 de service.

-Je suis plus solide
que ce que tu crois.

—Zaremba peut t‘aider maintenant.
—Arrête !

-ll te respecte
et te respectera toujours.

Il te traitera comme une grande dame.

-Je sais que je suis vieille,
seulement Romain,

il m‘est arrivé une seule fois

d'aimer un homme passionnément.

Il ne m'a jamais respectée.

Il ne m'a jamais traitée en gentleman.

C'était un homme !
Pas un petit garçon.

Qu‘il aille au diable, le peintre !

Musique triste

-Après l'échec du mariage avec Zaremba,

l'idée que ma mère meure avant que
je m'accomplisse m'était intolérable.

Il fallait que je devienne
un génie de la littérature

en écrivant un chef d‘œuvre immortel.

Je me mis à travailler pour de bon.

Machine à écrire

Je terminai mon 4e roman
sous le pseudo de François Mermonts,

qui serait lui aussi
refusé par les éditeurs.

Après mon bac, ma mère décida
que je finirais mes études à Paris

pour me faire des relations.

Romain, vite. Je peux pas
rester longtemps dehors.

-Avant mon départ,
ma mère fit une crise religieuse.

—Tu veux aller où ?
—À l'église russe.

-On n‘est pas juifs ?
—Ça fait rien, je connais le pepe.

Viens ici.

Elle prie en russe.

Jure-moi de faire attention.

Promets—moi de ne rien attraper.

—Je te le promets.

-Jure de ne jamais accepter
de l‘argent des femmes.

—Je te le jure.

Non, je vais me débrouiller.
Prends.

Prends-le.
—C‘est la dernière fois.

Courage, mon fils, courage.

Tu seras vaillant.

Tu rentreras couvert de lauriers.

Je le vois.

Fuis la bêtise et les préjugés.

Ils te rattraper0nt, mais fuis—les.

Ne mets pas
de chaussettes trouées.

Devant une femme,
tu dois toujours être élégant.

-De l‘aide ?

-Merci.

-C'est mon fils.

Il part faire son droit à la capitale.

Il sera diplomate, écrivain et officier

dans l'aviation.

-lmpressionnant.

-Au revoir, maman.

Je vous aide ?
-Merci.

—Je le mets là—haut ?
-Merci.

Sifflet du train

-Maman ?

-Pour le voyage.

*—Attention au dépanf
à destination de Paris.

Sifflet du chef de gare

-Attendez ! S'il vous plaît ! Arrêtez !

Pardon ! Elle prend pas le train !
C'est ma mère !

Faut qu‘on s'arrête.
—On est partis !

-II faut arrêter le train.
-Je dois descendre.

Ça sera de votre faute si je tombe.

-Aidez-nous !

Monsieur !

Il faut faire descendre ma mère.

Aidez-la ! Aidez—la.

Elle crie.

Je peux vous offrir un cornichon ?

-Non merci.

On peut dire qu'elle vous aime,
votre mère.

Je m‘appelle Brigitte.

-Vous avez un très bel accent.

-Merci. Je suis suédoise.

-Brigitte était une Suédoise
comme on en rêve dans tous les pays.

-Moi, c‘est Romain. Enchanté.

-Enchantée.

Tonnerre
Cris de jouissance

Ja, Romain !

-J'arrivai à Paris en septembre 1934
pour m‘inscrire à la faculté de droit.

Téléphone

—Allô ?

Kacew !

C‘est ta mère au téléphone.

Il rit.

En suédois

Ja, ja, ja!

Jag kommer.
Il crie.

Jag kommer.

Il rit.

-Oui, allô ?

Oui.

Non, j'ai pas besoin d'argent.

Non, je ferai pas de petits boulots.

Brigitte était jolie, gaie,
intelligente,

et nous vécûmes une relation passionnée.

Je viens avec toi.

—Je repasse ce soir.

Je t‘aime.

-Oui.

Brigitte !

Brigitte !

Brigitte !

Écœuré, je me mis à écrire
tout mon saoul, négligeant le droit.

Musique douce

Bonjour. Le Gringo/re.

Alors que je n'avais plus d'argent,
en ouvrant le Gringo/re,

je trouvai ma nouvelle imprimée
et mon nom en gras,

là où il fallait.

-Hé Monsieur !

-Tenez.

-C'est quoi, cette blague ?
Qui a fermé les volets ?

Mlle Jacobi ! Lucien !

Et les clients ?

-Bravo !

Applaudissements

Félicitations.
-II a réussi.

-II est dans le journal.

-Tu es célèbre ?

Je le savais ! Je le savais !

-Tiens.

-Mais ?
-C'est pour toi.

-Tu es fou ! Tu es fou !

Oh non…

Merci. Merci, mon fils.

-J'avais jamais gagné autant d‘argent
etje me crus à l'abri jusqu‘à ma mort.

—Je suis heureuse.

-S'il vous plaît.

Bonsoir.
Bonsoir.

Trouvez-nous une belle table
avec votre meilleur champagne.

Certainement.

Valse

Tango

-Je rentrai à Paris
et, saisissant mon stylo,

j'écrivis trois nouvelles.

Téléphone

-Kacew ! Ta mère !

—Oui ?

-Mon chéri, j'ai encore acheté
lejournal, et rien du tout !

-C'est normal.
*—Comment ça, normal ?

Les gens s‘interrogent.
Tout le monde attend de te lire.

—Mais c‘est normal.

—Arrête de dire ça !

Tu crois que Pantaloni, qui a organisé
un apéritif pour ta première nouvelle,

trouve ça normal ?

-Dis à Pantaloni
que je refuse d'être édité.

On me demande d'écrire des choses
si médiocres queje refuse.

-Ça veut dire
que tu n'as plus ton travail ?

-Je gagne assez d'argent, maman.

-Comment ?

—Quoi, comment ? J‘écris.

*Je signe avec d‘autres noms.
D'autres noms ?

-Oui, des pseudonymes,

*si tu préfères.
-Lesquels ?

—Quoi, lesquels ?

-Avec quels noms

*tu signes ?

-J'ai signé deux nouvelles ce mois-ci

sous le nom de Corthis.

*André Corthis.

-Corthis ?
*—Oui.

-C'est scandaleux que tu signes
des choses que tu ne veux pas faire.

Moi, je vais écrire au directeur.

-Non, c‘est pas la peine.

-Je vais quand même expliquer
au marché ce qui se passe.

-Très bien. Occupe-toi du marché,
je m'occupe du reste.

—Je t'embrasse.

-Pendant six mois,
aucune de mes nouvelles ne fut publiée.

Jugées trop littéraires,
elles me furent toutes renvoyées.

Brouhaha

*—Nice, 7 minutes d‘arrêt.

*Prochaine gare : Nice—Riquier...

-Mon chéri.

Comme tu es beau.

Il faut le faire.

Tu dois partir, mon chéri.

Demain, on ira prendre tes billets.
J'ai déjà acheté des balles.

-Je comprends rien
à ce que tu dis… Partir où ?

-A Berlin.

-À Berlin ?

—II faut tuer cet Adolf Hitler.

Non, crois-moi,
il n'y a pas d'autre solution.

J'y ai beaucoup réfléchi.

Tu es un excellent tireur,
tu feras mouche du premier coup.

-Mais je peux pas
aller tuer Hitler comme ça.

-Si tu es pris,

je te garantis que la France
exigera ta libération.

-J'étais peu informé

et j'avais du mal à croire sérieusement
à l‘éventualité de la guerre.

C'était la canicule,
j‘avais envie de rester à la mer.

J‘aurais préféré
aller tuer Hitler en octobre.

Bref, je manquais d‘entrain.

Mais pas question de se dérober.

Bonjour. Un billet pour Berlin,
après-demain.

-Les Allemands
font une réduction de 30%.

Aller—retour ?

-Aller simple.

Brouhaha enfantin

Rires

-Romain ! Romain !

Romain ! Romain !

Romain !

Oh Romain.
—Quoi ?

-Je t‘en supplie,
renonce à ton projet héroïque.

Ils ne peuvent pas demander ça
aux fils uniques.

J'ai tellement lutté
pour faire de toi un homme.

Pleurs

Et maintenant... Oh mon Dieu !

-C'est ainsi que je n'ai pas tué Hitler.

Musique calme

Je fus incorporé le 4 novembre 1938.

Ma mère était aux anges.

—Nettoyez le capot et les hélices.

—Oui Capitaine.

-Kacew, vous vous êtes
bien débrouillé là—haut.

-Allez !

Allez !

-Mon Romain adoré,
quand tu seras lieutenant,

rappelle-toi que ce n'est
que la première marche

de la renommée. Je t'embrasse. Maman.
-Kacew.

Hé Kacew ! Regarde.
Regarde ! On dirait ton père.

Bonne nuit, Kacew.

Brouhaha

-Arriva enfin le jour tant attendu.

Celui où je devais recevoir mes galons
de sous—lieutenant.

-Élève Leroux Jacques.

Vous êtes reçu 1er
avec le grade de sous-lieutenant

et affecté à Marrakech.

Repos. Duval Léon. Vous êtes reçu 2e,

avec le grade de sous-lieutenant...

Guérin,

vous êtes reçu 27e,
avec le grade de sergent...

Galy Jean,

vous êtes reçu 63e,

avec le grade de sous-lieutenant.
Vous êtes affecté à Bangui.

Grade d‘aspirant.

Roger Maurice, à Versailles.

122€.

Repos... 213e... Repos...

Repos. 231e.

244€.

Vous êtes reçu sous-lieutenant. Repos.

Jacques... Repos...

Repos !

Officiers, rompez.

-Sur 300, je fus le seul.
Le seul à ne pas être nommé officier.

-Élève officier Kacew.

Vous restez pour une formation
complémentaire. Repos.

*Chanson calme

Contrairement à tous les usages,

je ne fus pas nommé sous-lieutenant,
ni même sergent.

Je crus mourir.

Ma mère... Ma mère ne pourrait jamais
supporter une telle déception.

-Tu veux savoir
pourquoi t'es collé ?

T'es israélite et ta naturalisation
est trop récente.

Théoriquement, il faut être naturalisé
depuis au moins 10 ans pour servir.

Alors imagine pour passer officier !

—Je suis Français.

-lls ont enquêté sur toi.

Ils ont discuté pour savoir
sion allait te garder.

Le ministère voulait te garder,

mais ici on était contre.

Estime-toi heureux,
c'est pas l'affaire Dreyfus.

Rires lointains

Brouhaha

-II est là !

M. Romain est là.

-II est là ! llestlà ! Monfils !

Mon fils !

—Qu‘y a-t-il ? Et tes galons ?

—Je vais t'expliquer, viens.

Je dois juste parler avec ma mère.

-ll devait passer sous—lieutenant...

-Ma mère avait l'habitude de recevoir
des coups de pieds dans la figure,

je cherchai tout de même
à la ménager.

Je suis pas sous—lieutenant.

-Oh… Pourquoi Romain ?

-Seul sur 300...

Par mesure disciplinaire
et provisoire...

Je dois attendre six mois.

-Je comprends pas.

-J'ai séduit la femme
du commandant.

J'ai pas pu résister.

L’ordonnance nous a dénoncés
et le mari a exigé des sanctions.

-Non ?

Non…
Il acquiesce.

Elle était belle ?

-Pardon ?
—Elle était belle ?

-Pff ! Tu peux pas imaginer.

—Don Juan ! Casanova !

Je l'ai toujours dit.

Il aurait pu te tuer.

300 ! Le seul sur 300 !

Tu es exceptionnel.

—Chut.
—Mes chers amis...

Mes chers amis,
je ne peux pas vous expliquer pourquoi,

par respect pour des gens importants...
Vraiment, je ne peux pas.

Mais je veux lever mon verre

à Romain, qui n‘est pas sous—lieutenant.

Ce qui signifie beaucoup pour nous deux.

À Romain ! Le seul parmi 300.

Clameur joyeuse

-Certains parmi vous
attendaient ce moment

et d‘autres le redoutaient.

Mais aujourd'hui,
c'est à la France, votre pays,

que vous devez penser avant tout,
parce que grâce à vous...

-La guerre me surprit à mon retour.
C'était la mobilisation générale.

Que la France puisse perdre
était impensable.

Ma mère ne le supporterait pas.

-CONTRE NOUS DE LA TYRANNIE
L'ÉTENDARD...

Brouhaha

-Romain !

Romain !

Rires
-Y a un colis pour toi.

Rires

-Elle vient

embrasser SON rat ?

-Mon fils !
Rires

-Jamais un fils n‘a haï sa mère
autant que moi à ce moment là.

—Kacew !

—Monte dans la voiture.
-Tu nous présentes ?

Rires
—C‘est rien.

-T‘as honte de ta vieille mère ?
T‘as honte ?

-OUH !

Clameur moqueuse

-C'est mignon !

-Je peux en avoir un ?
-Ouais !

Il faut attaquer
et marcher droit sur Berlin.

Dis—le à tes officiers.

Capitaine.
—Kacew.

—C‘est ton commandant ?

Romain, réponds-moi !

-Oui, c'est le Capitaine De Gache.

-Capitaine ! Capitaine.

Avions

Je lui ai dit que tu avais
la gorge sensible.

Ces avions sont découverts.

Tiens.

-Tu lui as dit ça ?

C‘est vrai qu'attraper froid,
c'est ce qu'il y a de plus préoccupant.

-II ne t'arrivera rien.

-Moins d'un aviateur sur dix
finira cette guerre. Comment tu sais ?

-II ne t'arrivera rien, tu m’entends ?

-Arrête de faire
comme si tu savais tout.

-Promets-le-moi.

-ll m‘arrivera rien.

-La guerre ne durera pas.

Elle ne durera pas.

Et la France vaincre.

Elle vaincre, car c'est la France.

*—C’est le cœur serré
que je vous dis aujourd'hui

*qu’il faut cesser le combat.
Clameur

*Je me suis adressé

*à l'adversaire pour lui demander
s'il est prêt à rechercher

*les moyens de mettre un terme

*aux hostilités.
-Kacew !

*—Que tous les Français se groupent
autour du gouvernement que je préside.

Capitaine ?

-Viens. Les Allemands sont à Paris.

Tous ceux qui s'envoler0nt
vers l'Angleterre seront des déserteurs.

-Que faites-vous ?
-Je rejoins De Gaulle.

J‘ai un avion pour ce soir. T'en es ?

-Oui, Capitaine.

-Plus de Capitaine entre toi et moi.

On décolle au crépuscule.

Musique calme ténue

OK, c‘est bon.

Baissez—vous.

Conversation

Rires

Passez

Un Den nous attend de l'autre côté.
—Kacew !

Kacew.

-Tu fous quoi ?
-Le central t'appelle.

Ils insistent, c'est important.

-Vas—y, va vérifier.

Je fais un tour d‘essai
et je te reprends. Magne—toi.

-Vite.
-Merci.

Allô ?
*—Allô ?

*Romain, c‘est toi ? Romain ?

-Qu‘au milieu du naufrage,
la voix de ma mère ait pu se frayer

un chemin jusqu‘à moi
me parut surnaturel.

J‘ai été coupé.

-Tu peux rappeler d‘ici. Tiens.

-Merci.

-Mlle Jacobi, c'est Romain.
Je voudrais parler à ma mère.

Pas là ? Je viens de lui parler.

Quel hôpital ?

Je me fous qu'elle veuille pas
qu‘on me dérange.

Je regardai l‘avion en feu.

De Gache venait de s‘écraser.

Ma mère m‘avait sauvé,
une fois de plus.

-Romain…

Oh Romain…

-Tiens.

—Oh merci. Elles sont belles.

J‘ai un aveu à te faire.

Je t‘ai pas dit toute la vérité.

-La vérité sur quoi ?

-J'ai pas…

J'ai pas vraiment été…

Donne-moi un cendrier.

J'ai pas vraiment été
une grande actrice, une tragédienne.

Je...

C'est pas tout à fait exact.

Je jouais dans les théâtres, mais…

c'est pas allé très loin.

La France,
c'est ce qu'il y a de plus beau.

C'est pour ça que je voulais
que tu sois Français.

—Ça y est maintenant, non ?

-Le Maréchal,
c‘estjuste un vieux machin tout mou.

Je leur ai dit au marché,

je leur ai dit que mon fils
leur montrerait, à tous ces lâches…

—T'inquiète pas, je vais me battre.

Elle va rester ici longtemps ?

—J‘arrive, je dois voir des patients.

-Vous pouvez me renseigner.

—Je peux encore rien vous dire.

-Vous savez si vous allez la garder.

-Ça dépend de l'évolution.

-Je peux parler à un spécialiste ?

-Je suis le spécialiste
et parlez autrement.

-Vous êtes le seul qui peut protéger
ma mère, quand je protège ce pays.

Vos "Ça dépend"
ne me suffisent pas.

-Vous nous protégez,
et l‘armistice, c'est quoi ?

Foutaises !

Cette pauvre folle nous fatigue
avec vos "exploits".

-Ne la traitez plus jamais
de pauvre folle, compris ?

Vous avez une mère ?
-Non.

-Eh bien, maintenant,
VOUS en avez une.

Cette femme que vous insultez,
c'est votre mère. Dites-le.

—Je suis...
Dites-le ! "C'est ma mère" !

—C‘est ma mère.

-Bien. Vous êtes tenu de la traiter
avec le plus grand respect.

Vous devez vous occuper d'elle
et la protéger, compris ?

Ma permission expirait.

Alors... Au revoir.

Il n’y a pas de mot
pour décrire cette séparation.

-Attends.

-Je tenais plus à lui laisser l'image
d'un homme que celle d'un fils.

-N'oublie pas de travailler.
Tu dois continuer d'écrire

des livres.

—Oui, mais laisse-moi du temps.

Il faut que tu te soignes bien.

Jeväsvohcmnnænt
Fenvoyerdelfinsufine.

-Ne t‘inquiète pas pour moi.

Je suis un vieux cheval.

J‘ai tenu jusque-là,
je tiendrai bien encore un peu.

—Faut que j‘y aille.

Allez.

-J'ai entendu qu'il y a des Français

qui continuent les combats

à partir de l'Angleterre.
Il faut les rejoindre.

-Je sais, oui.

Ce que m'a coûté ce sourire,

elle seule pouvait le savoir,
qui souriait aussi.

Son courage était passé en moi
et y est resté pour toujours.

Musique calme ténue

-Tu fous quoi ?

-Je vais pisser.

Détonation

Gémissements de lutte

Bouge plus.

-Tire, sale youpin.

Tire. Ils te fusilleront comme un rat.

Sirène

-Vite !

-Y a pas le plein.

-Quoi ?

-Y a pas le plein.
-Y a combien ?

-La moitié.

-On y arrivera pas.

Cri

-Lance l‘hélice.

Sirène

Moteur

Tu fous quoi ?

-Je pars pas.
Je sais pas nager.

Sirène

-J‘étais enfin un insoumis,
un dur, un vrai.

Il n'était pas question de reculer.

Je sentais le regard émerveillé
de ma mère.

C‘était le début des aventures.

*Musique rythmée

Je fus transféré à l‘Olympia Hall
où les volontaires étaient réunis.

Je reçus les premières lettres
de ma mère.

-Mon bien-aimé Romain,
je te bénis.

Je te jure que ton départ ne m‘a pas
chagrinée. Sois fort et résolu.

-Nous attendons, exaspérés
parla lenteur que l'on met

à nous expédier au combat.

Sirène

Musique rythmée

Laisse-moi te raconter
ce qui m'est arrivé.

J'étais avec une poétesse au Wellington,
un bar où les aviateurs

se donnent rendez—vous.
-C'est quoi, ça ?

-Ça ? Ma mère voulait
queje m'habille à Londres.

Chant rythmé

-La société de répression a dit,
quand on lui a demandé qui était Joyce,

que c‘est un Irlandais

qui a écrit

un texte pornographique : "Ulysse".

Of course, that’s why
he‘s such an inspiration to me.

Darling, are you listening to me?
-l'm listening.

—Ce que j‘essayais

de te dire,
c'est que quand j'écris,

c'est comme une vague...

-Elle parlait sans arrêt
et tournait vers moi

son beau regard bleu
qui pétillait d'imbécilité.

J‘en pouvais plus.

-Hier,

j‘ai écrit :

"Le feu de la vie en moi tourbillonne,

"je dois l‘embraser."

*Chanson douce
Monologue en anglais

-Would you like to dance with me?
— Yes!

Aren’t you looking lovely tonight.
It‘s a lovely uniform.

Elle continue de parler.

*Chanson rythmée

-Would you like to dance?
-Yesl

Rires

Rires

-C'était absurde :
j‘allais me battre pour garder

une fille dontje rêvais
de me débarrasser.

—Oh dar/ing! Oh my God!

Brouhaha

Just wonderful!

Elle continue à parler.

Brouhaha

—Keep going! Don ‘t return!

-Je pensais être débarrassé
de ma poétesse, mais erreur :

en pleine expérience vécue,
elle s'accroche à moi.

-l've never been involved in & fight
before! They're back. Such brutes!

—Attends, attends. Il veut un duel.

-Quoi ? C'est le black-out,
tout le monde s'en fout.

En polonais

Je ne pouvais
les laisser insulter la France

ni négliger les codes
de l'honneur polonais.

Préparez les armes,
duel au pistolet à 10 mètres.

—Dobra.

-Je sens que tu vas tuer un homme.
-Que ce soit clair,

si je le tue, les autres s'inclinent.

Il traduit en polonais.

—Dis-lui que je vais le descendre

et lui foutre le drapeau polonais
dans le cul.

-C'est lui qui va te descendre.

C‘est entre vous deux.

En position.

En joue.

Avion

Feu !

Détonations

—Oh my goodnessl

Are you alright?

En polonais
—Bande de cons.

La Pologne et la France sont alliées.

Il faut être crétin
pour vouloir s'entretuer.

-ll parle polonais.

-Ma poétesse appela une ambulance,
ce qui me valut de me faire arrêter

parla police militaire.

-Le blessé a dit
que c‘était un accident.

-On fait des conneries
car on n‘en peut plus :

on tourne en rond.
On veut aller se battre !

-C'est là toutes vos explications ?

-On veut des pilotes en Afrique.
Pour éviter la Cour Martiale,

embarquez demain.

En polonais

-Pouchkine est mort en duel au pistolet,
mais il avait pas eu ta chance.

Quelle chance ?

-Les cours avec Sverdlowski.

Ah les Polonais,

ils ne savaient pas
pour tes cours de tir!

—Non… Non, ils savaient pas.

Pas

-Depuis longtemps, tu n'as rien écrit.
Tu sais ce que ça veut dire ?

-Ça veut rien dire !
Ça veut dire qu‘in ala guerre,

que je peux pas faire autre chose...

-Et alors ? Il faut écrire !

Sinon comment deviendras-tu
un grand artiste ?

—Oui…

T‘as raison.

Je deviendrai écrivain,
je gagnerai la guerre

-Oui.
et je serai diplomate.

-Ambassadeur de France.
Diplomate et ambassadeur.

Ça sera comme ça.

En polonais
Ça sera comme ça,

je te le promets.

Tu reçois l'insuline
que je te fais envoyer ?

*Chanson calme

En Afrique, je fus détaché à Bangui.

Nous assurions la défense
d'un territoire menacé

seulement par les moustiques.

C'est là que je commençai à écrire

mon roman Éducation européenne.

*Chanson calme

-Pourquoi tu danses pas ?
Tu fais tes devoirs ?

Faut laisser ça, viens danser.

Tu viens t'amuser ?

*Chanson calme au loin

Choc

Quoi ?

-Je peux plus...
-Mais si.

-Je peux plus.
Je peux plus ! Lève—toi.

T‘es qui, toi ?
Ça va de rentrer comme ça ?

—On est au 17 ?

-lls t‘ont installé ici ?

Ils auraient pu me le dire.
J'y crois pas.

Ça, c'est mes affaires ! Lève—toi.

Donne-moi mon argent.
-De quoi ?

-C‘est pas ma faute
si tu t‘es dégonflé.

—Je me suis pas dégonflé.
-Donne l‘argent.

-Tu vois ce que ça me coûte ?
-Allez.

-Bonne nuit, mon vieux.

Choc

Hennissement lointain

Chant doux et ténu

Elle fredonne.

Dialecte africain

—Je regarde…

De l'eau.

Confiture. Vous avez faim ?

C'est bon.

Le visage de cette femme,

c'était le visage
vieilli et fatigué de ma mère.

Musique douce

Faut me dire où vous vivez.

Elle était perdue, abandonnée.

Brouhaha enfantin

Cris et rires des enfants

Je l'ai trouvée,
elle est blessée à la jambe.

Elle est blessée.

Dialecte africain

—Vous l‘avez trouvée où ?

-Elle était à 1 heure d‘ici.
Elle est blessée à la jambe.

-Merci de l‘avoir ramenée.

Merci. Merci beaucoup.

lncantations

Vrombissement

Coup de feu

-Oh !

—Je l‘ai eu, bordel !

-Mon cher petit,
essaie d'écrire un beau livre,

car tu te consoleras de tout
plus facilement après.

En polonais
Donne-moi le temps, maman !

-Je te supplie de ne pas penser à moi,
de ne rien craindre pour moi,

d'être un homme courageux.

Tu as toujours été un artiste.
Je t‘embrasse. Maman.

Grille

-Allez, on y va.

Brouhaha

-Nous attendîmes encore avant de partir
pour la 2e campagne contre Rommel.

Brouhaha
Moteur

-Accélère !

—Bois pas cette merde !

-Kacew ! Qu‘est-ce qui t'arrive ?

-Comment ça va ?
On prévient votre mère ?

-Faut rien dire à ma mère.
Je peux pas crever ici.

-On va vous soigner,
mais prévenez votre famille.

Surveillez la fièvre.

-Une typhoïde. Les médecins pensaient
que j'avais peu de chance de m'en tirer.

-Bordel ! Vous pouvez pas laisser
ma mère mourir

au pavillon des contagieux
de cet hôpital ! Non !

-Votre mère n‘est pas là.

-Elle est là... Elle est ici...

Elle est là ! Elle est ici !

Ici ! Vous comprenez ?

Elle est là.

-Vous devriez lui écrire.

-Je leur avais dit de pas te déranger.

—Je suis là, car tu m‘as fait

passer pour une imbécile.

J'ai promis à tout le monde
que tu sauverais la France.

Que tu allais revenir à Nice
avec un roman.

Et je te retrouve ici
comme un bon à rien !

—J‘ai commencé un livre.

Éducation européenne.
Ça s'appelle Éducation européenne.

C'est sur la Résistance.
J'écris maman.

-Avec de l'amour ?

-Oui.

Oui...
-ll fait que tu le finisses.

Il sera lu dans le monde entier.

—Je suis malade...

-Et alors ?

Maupassant a cessé d‘écrire
à cause dela syphilis ?

Napoléon a arrêté ses conquêtes
à cause du palu ?

Non ! Tu crois tout ce que ces médecins
te racontent ?

Je te dis que tu n'as rien.

-J'ai plus de force.

Peut-être.

Mais tu vas te battre
jusqu‘à la victoire.

Je t‘interdis de mourir.

-On se bat pas.

-Tu te battras.

Quand tu reviendras à Nice,
on ira sur la promenade des Anglais,

et tout le monde criera :

"Saluez cette dame !
Son fils est revenu

"de la guerre et s‘est couvert
de gloire dans l‘aviation."

Les hommes ôteront leurs chapeaux
devant moi en chantant La Marseillaise.

Musique douce

Voix lointaine

-Amen.

Que faites-vous ? Revenez,

Romain.

Il est essoufflé.

Romain.

Reposez—vous.

—Reposez-vous ! Hein ?

Cri

Kacew, mon Général !

Vous m‘avez rayé
de la liste des vivants.

Plus personne me regarde,
même les hommes de troupe m'ignorent !

Je suis sous-lieutenant, mon Général,
fils de Nina Kacew et de la France !

Je proteste vigoureusement
à la face de l'Europe.

Vous profitez de votre position ! Hein ?

Parce que vous vous appelez De Gaulle ?

Je vais être clair, je veux être
réintégré immédiatement

dans l'armée des vivants !

Musique douce

Romain, réveillez—vous.

Docteur...

Docteur !
S'il vous plaît, mon mari...

Mi esposo. ..

—Je parle français. Qu‘a—t—il ?

—Tumeur au cerveau.

-Vous avez fait des examens ?

-Je vais mourir...
Je vous lègue la maison à Roquebrune.

—Ne dites pas de bêtises.

— Vamos.

—II a mal à la tête.

-Votre nom ?
-Romain Gary.

-Oui.
-Gary ? L‘écrivain français ?

-M. Gary, décrivez-moi
exactement les symptômes.

Comment ça a commencé ?

Il hésite.

-Je travaillais... J‘ai eu de plus
en plus mal à la tête et aux oreilles.

—C‘est quoi, ça ?

—Y avait un boucan dehors.

-Qu'avez—vous mis ?

-Du pain... De la mie de pain.

-Du pain ?
-Dans vos oreilles ?

-Attendez, ne bougez pas.

-Attention !

-C'est quoi ce truc ?

-Du guacamole.

Le pain était trop dur,
j‘ai mis du guacamole.

-Otite aiguë

qui s‘enflamme,
car il en reste dans le conduit.

Je vais vous donner

des antibiotiques.
—Faut regarder mon cerveau.

-Votre cerveau va très bien,
vous pourrez continuer à écrire.

-Non ! Je veux parler à un spécialiste.

—Ne commencez pas.
-On va tout contrôler.

Vous aurez une chambre.

—Guacamole !

-Je repris ma place dans l‘escadrille
transférée en Angleterre, en 1943,

sur la base aérienne de Hartford Bridge.

Enfin, j‘allais combattre !

Moteurs d‘avion

—Bauden, artilleur. T'es le navigateur ?

-Ouais, Romain Kacew.

—Je croyais que t‘étais crevé ?

—Vous vous connaissez ?
-Fallait que je tombe sur ce cinglé !

Avions

Musique douce

-Maman, les conditions de travail ici
ne sont pas bonnes.

Il fait froid
et j'écris avec ma veste de vol.

J'avance bien, mais parfois
c'est difficile de travailler.

La semaine dernière,
nous avons perdu 7 avions.

Je pense à toi. Je t'aime. Romain.

-Mon fils, il ne t'arrivera rien
et tu écriras ton livre.

Tu vas réussir, tu vas gagner,

carje ne t'ai pas appris autre chose.

-Comment t‘arrives à écrire la nuit ?

On se lève dans 4 heures !

Comme si tout ça
n‘existait pas.

-Je travaille jusqu'au lever du jour.

Je suis tout proche de finir
Éducation européenne. J'avance.

-Mon fils glorieux,

nous lisons avec admiration
les récits de tes exploits.

Je suis allée voir
tes professeurs et je leur ai dit.

Surtout, travaille sur ton livre.

Tu vas le finir vite
et le monde reconnaître ton talent.

Je suis fière de toi.
Vive la République ! Vive la France !

Musique douce

—II est là-bas !

—Kacew !

Kacew ! Kacew ! Regarde-moi !

Pour De gaulle !
—Qu‘y a-t-il ?

-Romain !
Qu‘est-ce qui se passe ?

-Les rosbifs veulent te publier !

—Un sourire.
-Un petit sourire.

—Je télégraphiai la nouvelle à ma mère.

Mon livre allait être publié
sous le titre Forest of anger.

J'avais enfin réussi quelque chose
pour elle.

J'étais né.

Musique douce

-T‘as reçu une lettre aujourd‘hui.

—Tu n'as plus besoin de moi,

tu es un homme maintenant,
pas un enfant.

Mon petit,

marie-toi vite, car tu auras toujours
besoin d'une femme à tes côtés.

C'est peut-être là
le mal que je t‘ai fait.

Ne pense pas trop à moi.
Ma santé est bonne.

Le Dr Rosanoff est très content
et t'envoie ses amitiés.

Je relisais en cherchant
une allusion à mon livre. Rien.

Elle semblait l‘ignorer complètement.

Maman, je comprends
que tu attendes de moi

des faits de guerre
et non de la littérature.

Mais je pensais que ce premier livre
serait notre victoire.

Je suis au rendez-vous
dans le ciel chaque jour.

Tu me veux héroïque,
j‘essaie de l'être.

Explosions

—On va descendre.

—Reçu.

Tirs

Il gémit.

Signal d'alarme

Il gémit.

Langer ?

—Je suis touché ! Je suis aveugle !

Éclatement

Il soupire.

—Red resse.

Red resse.

*Langer !

*Langer !

Bauden ?

-Ça va. Faut sauter !

-Bordel !

Je peux pas.

La porte est bloquée.

Sautez, je peux plus piloter.

*Vous pouvez...
Personne ne saute.

On largue les bombes
et on rentre ensemble.

-lmpossible !

Je suis aveugle.

—On rentre ensemble, OK ?

Musique triste

Garde ce cap.

*Trappe à bombe.

*Trois, deux, un. ..

*Bomb 's gone.

Faut grimper, Langer.

*Allez grimpe, grimpe !

*Je vais te guider. Garde ce cap.

*—Boston H en approche
avec pilote aveugle et navigateur touché.

Doucement.

Descends.

*Reviens à gauche,
on va passer/'axe.

Réduis

les gaz. Doucement.

*Attention.

*On va toucher. Touche !

*—All fire trucks on the runway.

Sirènes

Brouhaha

Il gémit.

Ce fut la première fois à la RAF,

qu‘un pilote aveugle parvint à se poser.

*Musique militaire

DeGa…emedäæma
laCmùdeæLhäæbn

Je pouvais revenir la tête haute.
-Romain !

Mon livre avait donné
à ma mère une gloire artistique

et je lui remettrai
les plus hautes distinctions militaires.

Le débarquement venait d‘avoir lieu.
La guerre se terminait.

*—Paris martyr/sé, mais Paris libéré !

-Mon fils chéri, voilà bien des années
que nous sommes séparés.

J'espère que quand tu reviendras,
tu me pardonneras.

Je ne pouvais pas faire autrement :
tu avais besoin de moi.

Je vais bien. Je t‘attends.

-Quelle sottise avait-elle pu faire ?
S'était-elle remariée ?

Je revins à Nice au plus tôt.

Je fus transporté
de Jeep en Jeep jusqu‘à Nice.

Chanson rythmée

J'étais tendu vers la ville,
vers la silhouette aux bras ouverts

qui devait déjà m'attendre.

Qu'est—ce que c'est ?

Bonsoir. C'est moi, le fils de Nina.

-Y a pas de Nina ici.

—Attendez ! Kacew ! Nina Kacew.

-N'insistez pas.
-Qui c'est, lui ?

-Nina Kacew, elle est ici ?
-Y a pas de Nina Kacew ici.

-C'était sa pension.

—Vous vous trompez.

—S‘il vous plaît, mademoiselle !

Je cherche ma mère,
Nina Kacew. Elle est ici ?

-Elle a été admise quand ?
-Je sais pas.

Le Dr Rosanoff s‘occupait d‘elle.

-II est en consultation, je l'appelle.

Attendez !

-Le Dr Rosanoff ?
-Juste là.

-Je cherche ma mère.

—Continuez sans moi. Venez.

Répondez, elle est où ?

-Elle est morte.

-Non… Non, pourquoi vous dites ça ?

-Depuis plus de 3 ans.

-Non, elle m‘écrit, j'ai reçu une lettre
il y a quelquesjours.

Elle m'écrit.

Non…

Non...

-Les derniers jours,

elle a écrit 250 lettres.

Elle écrivait nuit et jour.
Un matin, elle m'a chargé

de les envoyer à une amie en Suisse
qui les a expédiées après sa mort.

Régulièrement...
Une ou deux par semaine.

Pour elle, vous ne pourriez pas
survivre à sa mort.

Musique triste

-Oui… Le plus important…

J'ai fait tout ce qu'elle m'a demandé.

J‘ai tout fait…

Et rien.

Écrivain, Goncourt, consul,
ambassadeur de France, rien...

Les rois, les actrices, le fric…
Même ça.

Est-ce qu‘elle sait combien je m‘emmerde
pour faire venir ça de Londres ?

Non...

Musique triste

Non, elle, elle part. Elle est partie.

Elle est morte sans jamais rien savoir.

Non.

Elle saura jamais
que j'ai tenu ma promesse.

-Ce livre, c'est la seule chose
que vous pouviez faire pour elle.

-Avec l'amour maternel,

la vie vous fait à l‘aube une promesse
qu‘elle ne tient jamais.

On est obligés ensuite
de manger froid jusqu'à sa mort.

Après cela, chaque fois qu‘une femme
VOUS serre SUI SON cœur,

ce ne sont plus que des condoléances.

Des bras adorables
se referment autour de votre cou,

des lèvres très douces
vous parlent d‘amour…

mais vous êtes au courant.

Vous êtes passé à la source très tôt
et vous avez tout bu.

Musique mélancolique

Musique douce

Sous—titrage : HIVENTY