Gloria Mundi (2019) - full transcript

In Marseille, a family gathers for the birth of baby Gloria. But despite the joy, the young parents have fallen on tough times. As they try to make ends meet, they reconnect with Gloria's ex-convict grandfather.

...

Battements de cœur

Musique sacrée, opéra

...

Premier cri du nourrisson

...

Chœurs célestes

...

- Tu peux t'endormir.

Oui ! Tu me fais des sourires.

On frappe à la porte.



- Salut tout le monde.
- Salut !

- C'est des fausses !

Les vraies fleurs, c'est interdit.

Champagne, c'est du vrai, lui.

Alors...

Elle est mignonne !

Le bouchon pète.
- Doucement aux oreilles !

- Elle s'étire ! Elle s'étire...

- Voilà ! Tiens...

- Tiens, chérie.

Ça porte bonheur.

- Merci.

- Sur les poches.
Ça attire l'argent !

- Elle est mignonne.
Même pas fripée.



T'as pas eu trop mal ?

- Non, j'ai rien senti.

- Ça fait 40 ans
qu'on donne la vie sans souffrir.

- Une péridurale pour la vie.

- Le champagne marche bien.

- Pour conduire, pas terrible.

- Et heu... Gloria, ça vient d'où ?

- D'un film
qu'on avait vu à la télé.

T'aimes pas ?

- Si ! Si, si.

- C'est très joli.

Hé, Nicoco ! Viens voir.

Alors, t'es content ?
- Ouais.

- Bon, viens voir, viens.

Tiens, ça,
c'est un petit cadeau pour toi.

- Je prends pas de ça, moi!

- Ça va faire du bien à Thilda,
ça va la remonter.

- Elle n'en a jamais pris.

- T'es sûr de ça ?

- Oui, elle me l'aurait dit.

- T'es sûr qu'elle te dit tout ?

- Oui, j'ai confiance.

- Prends-en avant de baiser.
Vous allez vous éclater.

Tu vas voir, c'est chanmé. Quoi ?

Fais-moi plaisir, tu sais
combien ça coûte ?

Prends-le, c'est un cadeau !

- Je travaille. Devant les clients,
je dois être clean.

- Tu sais pas ce que tu perds.

- J'ai tout gagné.

- Ça, c'est vrai !
- Arrête ! T'es fada !

Rues silencieuses,
quelques pépiements d'oiseaux

La cafetière s'allume.

- C'est l'heure.

- Merci.

Elle soupire.

- Ils vont me rendre folle
avec leur grève.

Maintenant, ils se croient
en mai 68 !

- Laisse dire !

Et surtout...

laisse faire.

J'ai beaucoup réfléchi.

Il faut lui dire
qu'il est grand-père.

- Tu crois ?

- C'est pas bien qu'il l'ignore.

- Je sais pas.

Va vite et passe
une bonne journée.

Mets un pull,
il fait un peu froid.

- Envoie-lui une photo.

Si tu le fais pas,
tu le regretteras.

- T'as peut-être raison.

- Et ça lui fera plaisir.

- Daniel,

tu ne m'en veux pas, depuis le temps
que je ne t'ai pas fait signe.

Mais là, aujourd'hui,

je voulais t'annoncer
une très bonne nouvelle.

Notre fille vient d'accoucher
d'un beau bébé.

Elle s'appelle Gloria.

- Ça y est ?

- J'arrive.

- Je vais être en retard.
- 5 mn.

Elle me va bien ?

- Mais oui !
Bouge-toi, merde !

- Je suis beau.
Je suis le plus beau !

- C'est bon. On y va ?

- Je me coiffe,
que je sois impeccable.

- Ça amène pas des clients.

- Si ! Les clients te notent.
Ils te mettent des étoiles.

Faut pas avoir sous 3.
Le max, c'est 5.

Je veux avoir que des 5.

- Tu Couvres à peine les frais.

- Dès le remboursement
du crédit, ça va monter.

Il faut que j'aie le plus
d'étoiles possible.

- Si Bruno m'embauchait,
on s'en sortirait.

- Si tu comptes sur lui!

- Il ouvre un autre magasin.
- Tu l'as vu ?

- Non, c'est Aurore qui me l'a dit.

Il attire le fric.

- C'est un malade mental.
Il frime. C'est un bouffon.

- Un bouffon qui réussit, lui.

- Nous aussi,
on va réussir, ma chérie.

I am ready.

- Je vais être en retard !
Cette salope peut me jeter.

- Vas-y, pas besoin d'être deux.
J'y vais tout seul.

- Attends, tiens,
c'est l'argent pour elle.

La semaine en retard,
et la semaine en avance.

- Entre.

Comment va ma p'tite Gloria
aujourd'hui? Bien dormi?

- Impeccable.

Pas mal aux dents.
- Tant mieux.

- Allez, on va coucher Gloria.

Voilà, t'as ton petit copain
qui t'attend déjà.

J'y vais.

Mathilda la prendra ce soir.

- Elle est trop mignonne.

- J'ai posé les sous sur le buffet.

- OK, d'accord.

Travaille bien.
- Toi aussi.

- Hi
- How do you do?

- I'm Nicolas, your driver.
Nice to meet you.

Please give me your bag.
- Thank you.

- You enjoy Notre-Dame de la Garde?

- Very, very nice.
Very beautiful.

- Please, have a seat.
- Thank you.

- You have candies and water...
- OK, great. Thanks.

- It's oK for you?
- Fine.

- Nice view.

- Bast view ever.

- Everything is fine?
- Everything is great.

- We go to your hotel I guess?
- Absolutely. Thank you.

- So... Here we go.

- Very beautiful. All the city.

- Yeah, sunshine everyday.

The greatest town of the world.

Il sniffe.

- Bonjour.

- 10 euros.

- C'est tout ?

- Ça vous plaît pas,
reprenez-le.

Trouvez mieux ailleurs.

Ça m'étonnerait.
- Putain !

Il est neuf ce radio-réveil.

Je l'ai jamais utilisé.

- Vous vendez ou pas ?
Des gens attendent derrière.

Suivant !

- Tu peux rester aimable ?

- J'ai pas l'temps !

- J'ai pas l'temps...

Quitte à m'enculer,
fais-le en souriant.

- Deviens pas grossier,
je vais m'énerver.

- Énerve-toi pour voir.

- Comment tu me parles ?

- Espèce de connasse !
- Hé ho !

- Tu m'as bien entendu ?

- Arrête !
- Tu m'écoutes bien ?

Plus jamais,
tu remets les pieds ici.

Allez, lève-toi !

Tu te lèves, tu dégages !

- Espèce d'enculé !
- C'est ça.

- J'te nique !
Toi et ta meuf, espèce de pute !

- Approchez, n'ayez pas peur.

C'est terminé, tout va bien.

Bonjour, madame.
- Bonjour.

- Ça va, ma chérie ?
- Ben ouais !

- T'as combien en caisse, là ?

- 700.

- Donne 500,
je retourne à l'entrepôt.

- Plus je bosse et moins
je vois la couleur de l'argent.

- Il faut équilibrer les comptes.

Tu vends ce que je répare là-bas.

- C'est ce que j'achète ici
que tu répares là-bas.

Je t'ai pas encore tout appris,
mon amour.

12 euros.

- C'est bon. Merci.

- Ça va, les gars ?

- Bruno...
- Qu'est-ce qui t'arrive encore ?

- C'est pour l'argent.

- Quel argent?

- Tu me donnes
une partie en chèque ?

- Oh putain !

Je t'ai expliqué 100 fois.
Tu comprends rien ?

Si ça va pas,
je te retiens pas.

- Juste des bulletins de salaire.

L'agence veut des garanties.

- Des bulletins de salaire ?
Des virements, aussi? Il est fou.

Je te fais un chèque,
mais les charges, c'est pour toi.

Alors ce sera la moitié. Réfléchis !

- Ouverture.

Daniel Ortega, libérable.

Au revoir.
- Salut.

Cris de mouettes

Dans une grotte, je suis entré
J'en sortis en secouant la poussière

Voilà ce que j'en retirai.

Musique mélancolique

...

On frappe à la porte.

- Vous êtes le père de Mathilda ?
- Oui.

- Je suis Richard, entrez.

Sylvie va arriver.

Elle travaille de nuit en ce moment.
Ça gagne un peu plus.

Vous avez fait bon voyage ?

- Un peu long.

- Vous voulez boire un café ?

- Non. Un verre d'eau,
s'il vous plaît.

- Je continue mes légumes.

Elle devrait pas tarder.
Elle travaille à l'hôpital Nord.

- Je veux pas déranger.

- Mais non.
Je travaille pas avant midi.

- Vous travaillez
dans quoi, Richard ?

- Je suis conducteur de bus
pour la ville.

Vous venez de Rennes ?
- Oui.

J'ai pris un autocar.

- Y avait pas plus rapide ?
- Si, mais plus cher.

Comment elle est?

‘Qui?

- Gloria.

- Elle est très jolie.

Sylvie dit qu'elle a vos yeux.

- Tant qu'elle a pas mon nez.

- Tiens, la voilà.

Mélodie douce

...

- T'as été libéré ?
- Tu vois.

- Je suis crevée.

- Elle a mes yeux ?

- Oui. C'est vrai.

- Et elle parle ?
- Non, pas encore.

- Elle gazouille.

- Si tu m'avais pas écrit,
je serais pas venu.

Tu l'as dit à Mathilda ?

- Un peu.

- Comment ça "un peu"?

- J'ai prévenu

et que peut-être,
tu aurais envie de voir la petite.

Un jour, quand tu serais sorti.

Et tu vas t'installer où ?

- Je sais pas.

J'ai des démarches à faire,
des papiers.

Toucher de l'argent.
Régler ce que je peux.

Y a mon pécule.
20 ans de petits boulots.

Même payé au lance-pierre,
ça fait une somme.

Ça va me faire plaisir
de la voir, cette petite Gloria.

- Vous pouvez prendre
l'ancienne chambre des filles.

- Vous avez eu une autre fille ?

- Oui, Aurore.

- Oui, on a fait
une sœur à Mathilda.

J'ai jamais fait
aucune différence.

Alors, je vous prépare la chambre ?

- Non.

Je suis trop habitué
à vivre seul.

Merci.

- Bonjour, monsieur.

- Vous louez à la semaine ?
- Oui.

- Combien c'est ?
- 100 euros.

- 100 ?
- Ouais.

*- Après des années d'errance
qui ont forgé son caractère,

*Temudjin parvient à retrouver Borte,

*la princesse qui lui avait été
promise par son père.

*Dans la steppe, la parole donnée
engage au-delà des années.

*Cette union lui permet de rétablir
son statut de chef de clan.

- "Tout

le monde

dort

Rien

entre

la nuit

et moi."

"lune

et moi."

- Rien à foutre !
C'est Richard, mon père.

- Daniel, aussi.

- Ça m'intéresse pas.

Il va faire quoi?

- Qu'il la voie au moins.

- Moi, il m'a vue ?
- Il était en prison.

- Je le connais même pas.

Je me souviens du parloir pourri
et de l'hôtel qui puait.

- Pas la peine
de te mettre dans cet état.

Normal que ta fille
connaisse son grand-père.

- Son grand-père, c'est Richard.

- Richard m'a poussée
à le prévenir.

- T'avais pas envie.
Moi pareil !

- Ne sois pas
méchante avec lui.

- Il a tué des gens.
- Non.

Il s'est défendu.
Sinon, c'est lui qui y passait.

- Je vous paye pas pour discuter.
Y a du travail

en réserve.

- On a un problème de famille.

- J'ai un problème
avec mon mari, je travaille.

Dans quel monde vous vivez !

- J'arrive, madame.

Fait chier, avec ses cintres !

Quand on pisse,
elle nous flique.

Elle va pas me garder.

- Écoute-moi...

Viens samedi
avec Nicolas et la petite.

Je le ferai venir.

Viens chez nous.

Tu vas pas rester ici.

- Je suis bien.

Je suis pas dépaysé. C'est comme
la chambre de ma prison.

- "Mon cœur

Est violet comme l'iris

Noir comme le charbon.

Toute la nuit

Assis sur ma paillasse

À me souvenir de toi."

Pardon.

- Tu peux lire, j'ai rien à cacher.

- C'est quoi ?

- Des haïkus.

- Ça sert à quoi?

- À aller chercher
les beaux moments.

Et les fixer pour l'éternité.

- Reste pas enfermé.

Viens, il fait beau.

Où on va ?

- En haut du Vieux-Port,
où on se baignait. Tu te souviens ?

Et les libellules

Qui sont de petites diablesses

Font l'amour avec des pivoines.

Mélodie mélancolique

...

- T'as pas froid ?

- J'en ai rêvé
d'avoir froid comme ça.

- Tu m'en veux
de pas être venue ?

- Non.

- C'est loin Rennes, c'est cher.

Il fallait prendre
une chambre d'hôtel.

- Je comprends.

- Il fallait que je t'oublie,
que je vive, que j'élève Mathilda.

C'est Richard
qui m'a demandé de t'écrire.

- On était trop jeunes.

- Les gens pauvres
achètent beaucoup.

C'est pas cher, ils pensent
faire une bonne affaire.

Les bas prix ruinent les gens.

Si c'était plus cher,
ils y réfléchiraient.

Deux mois après,
ça tombe en panne.

- Un cercle vicieux !

- Ils s'amènent
avec leurs trucs.

"Combien ?
15 euros ? J'ai payé 99."

- Mince, il faut payer
la cantine des enfants !

- Ils ont pas de tête.

- Ils ont un magasin.

- Dans quel coin ?

- Vers Plombières.
Une vieille épicerie, pas chère.

Si les vieux m'avaient demandé,
j'aurais payé plus cher.

- Plombières...

Ça s'est arrangé, ce quartier ?

- Non. Plombières,
ça a jamais été aussi pourri.

- Et vous ouvrez
un magasin là-bas ?

- Bien sûr.

- Ils se font
leur beurre sur la misère.

- Arrête, papa.

Si c'est pas nous,
d'autres le feront.

Ils nous supplient
pour qu'on reprenne leurs merdes.

D'ailleurs,
on va en ouvrir un deuxième.

-Ah bon ?

Et où ?

- Vous devinerez jamais.

En haut de la Canebière.

On frappe à la porte.

- Salut.
- Salut.

- Coucou.

- Ça va ?
- Ça va.

- Mon mari, Nicolas,

le père de Gloria.

- Tu la veux ?
- Ouais.

Alors, Gloria. Gloria...

C'est un joli prénom, ça, Gloria.

- Salut.

- Tout va bien ?
- Ça va.

- Je vous sers quelque chose ?

- Juste un verre. Je travaille.

- Ça marche, ton business, Nico ?

- Je suis à fond les manettes.

- Tu ramasses la monnaie, un peu ?

- C'est dur,
mais ça commence à le faire.

- Il peut s'arrêter
quand il veut.

- J'ai pas de patron sur le dos.

- Ça, ça vaut de l'or.

- Tu te crèves,
mais tu sais pourquoi.

- Tu travailles Mathilda ?

- Ouais, vendeuse,
3 mois, je suis à l'essai.

Après, je me ferai virer.

- C'est pas sûr,
tu vois tout en noir.

- Ça arrange ma patronne.
Elle prendra une autre vendeuse.

Une Polonaise, une Roumaine.

Je ferais pareil à sa place.

Toi, qu'est-ce que tu vas faire ?

- Je sais pas.

- Je peux fumer ça
avec la p'tite ?

- Ouais, vas-y.

- Daniel, il est gitan, non ?

- Possible.

Ça se voit sur sa gueule
qu'il peut tuer quelqu'un.

- Il a défendu un ami.

- C'est ce que ma mère raconte.

On n'en sait rien.

* Ébats érotiques

...

Tu crois qu'ils sont bien payés,
les acteurs ?

- Des clopinettes.

Le marché est saturé.

- Moi, je le ferais
pour rien, gratos.

On devrait se filmer, nous ?

Pour le plaisir de se regarder.

- T'as toujours eu
de bonnes idées.

- Ouais. Vas-y, filme.

- On le postera
en masquant nos visages.

- Et on fera payer.

Ça tourne, là ?
- Ça tourne.

- Tu vois ?

- Ben ouais.
- Ouais ?

Tu vois.

Tu vois pas. Tu vois.

Tu vois pas.

Tu vois.

Tu vois pas.

Tu vois.

Attends, j'arrive.

T'es prêt?

Le rêve ! Gagner du pognon
en baisant avec toi.

Tu veux la voir plus près ?

Ouais ?

Tu veux la voir
encore plus près ?

Attends, recto-verso.

Ça filme toujours ?

C'est bien, là ?

- Ouais.

- T'es encore
plus malin que moi.

Putain, on va être riches.

Mélodie douce au piano

...

- J'ai presque fini
mon site internet.

Après, je pourrai
attendre au chaud,

et assise.

Il faut que je fasse
de belles photos.

Je suis pas mal, non ?

Je viens de me refaire les seins.

Regarde.

Et je vais faire le nez, aussi.

Qu'est-ce que tu en penses ?

Le mien est trop fort
et trop pointu.

Qu'est-ce que tu as ?

- On accélère.
On a 9 minutes par cabine.

Dépêchez-vous !

- À partir de maintenant,

vous percevrez chaque mois
580 euros et 64 centimes.

- Vous avez dit combien ?

- 580 euros et 64 centimes.

- On peut vivre avec ça ?

- Non, on peut pas vivre
avec si peu.

Vous avez une adresse ?

- Je suis à l'hôtel.

- Il me faut une adresse.

- Vous allez où ?

- Je veux juste revoir la ville.

Elle parle allemand.

J'ai besoin d'une adresse.
Je peux donner la vôtre ?

- Bien sûr.

- Merci pour ce que vous avez fait.

- Vous auriez fait pareil.

- Peut-être.

- D'après Sylvie,

vous avez voulu sauver la vie
d'un ami, il est mort sous vos yeux.

- Une bagarre ridicule, sans raison.

Des jeunes sont morts.

Pour rien !

C'est pour Sylvie que je volais.

Je voulais lui faire des cadeaux.

- Et vous vous êtes fait choper.

- Ouais, ça a commencé comme ça.

À 20 ans, j'avais pas envie
d'avoir la vie que vous avez.

Se croiser tous les matins.
Passer les dimanches ensemble.

Et aujourd'hui, je vous envie.

On frappe à sa fenêtre.

- Bonsoir.
- Bonsoir.

- Vous êtes libre ?
- Je suis pas un taxi, monsieur.

- Vous êtes pas un taxi ?
- Non, je suis un Uber.

Je peux pas prendre des gens.

Faut aller sur l'application,
pour passer la commande.

- Vous avez un compte ?
- Un compte quoi?

- Un compte chez Uber.

- Uber ? Non.

- Je dois être au Vieux-Port...

Qu'est-ce que vous faites ?

Putain, lâchez-moi !

Lâchez-moi !

Il faut que je bouffe, bordel.

Arrête, arrête, putain !

Non, non !

Non, s'il vous plaît.

Putain, non !

Monsieur, me pétez pas le bras !

- Connard !

- S'ils avaient cassé la voiture,

elle est assurée, elle.

- Je demande
à Bruno et à Aurore

de vous prêter de l'argent?

- Fais ce que tu veux.

Je préférerais qu'il m'embauche.

- Tu saurais faire
les comptes, les papiers ?

- Aurore le fait.
Je suis pas plus con qu'elle.

- Bien sûr qu'elle saurait.

- Avec Richard,
on va vous prendre la petite,

vous aurez pas la nourrice à payer.

- Toi, tu vas plus jamais dormir.

- T'es avec nous
pour parler de la grève ?

- La grève ?

- On va se réunir
pour décider.

- Je l'ai déjà dit. Comptez pas
sur moi. J'ai besoin de sous.

- Viens, pour être solidaire.

- Solidaire avec qui?

Le paysan, il a à bouffer.
Le cheminot a sa retraite avant moi.

- Sylvie, un peu de hauteur de vue.

- Pour ce que je nettoie,
j'ai pas besoin de hauteur.

Et il faut que je tienne
encore trois ans.

Regarde-moi, ma chérie, regarde-moi.
Le bébé pleure.

Moi, je travaille la nuit.

Toute la nuit.

Et le jour, il faut que je dorme.

Sinon, je suis trop fatiguée.

Si je suis trop fatiguée,
je peux pas travailler.

Si je travaille pas,
je pourrais pas rapporter de sous.

Gloria pleure toujours.

...

- Je te dérange pas ?
- Non. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- J'avais envie de te voir.

- C'est pas très prudent, ici.

- Je m'en fous,
j'en ai marre de me cacher.

- Bon, viens par là, viens.

Ça va?

- J'en peux plus.

Je te jure, Bruno, j'en peux plus.

- Qu'est-ce qui t'arrive ?

Hé, ma chérie !

- On s'en sort pas.

- Mais comment ça ?

- Nico, depuis l'accident...

on n'a plus un rond.

Le magasin où je bosse, c'est l'enfer.
La patronne est tarée.

- Embrasse-moi.

- Tu me plais beaucoup.
- Toi aussi, tu me plais.

Tu m'as toujours plu.

- Je pourrais diriger
ton nouveau magasin ?

C'est direct
en tram de chez moi.

- Chais pas, ouais.
Faut voir.

- Oui, s'il te plaît.
Dis-moi oui.

Y a que toi qui peux
me sortir de là, Bruno.

Si tu savais comme je t'aime.

- Attends, viens par là.

Tu m'as toujours excité, toi.

T'es folle de me faire ça.
T'es folle !

Putain, t'es complètement folle.

- Attends...

- Vous pouvez me faire
un papier cadeau ?

- Non, pour le prix, là.

- C'est Noël.

- J'ai pas de papier.

- Bon, tant pis.

- Bonjour.

- 5 euros.

- OK.

- Vous avez une pièce d'identité ?

Pas facile avec les gants.

Comment je fais ?
- Comment ?

- Enlevez votre voile.

Comment vous voulez
que je vérifie ?

Comment je sais
si c'est pas un terroriste

sous votre tissu ?

- J'ai pas le droit de l'enlever.

- Expliquez-moi, on fait quoi ?

Vous prendrez vos 5 euros

quand je verrai votre visage.

Tenez, reprenez-le, votre machin.

Vous êtes plus jolie comme ça.

Ébats érotiques

- Tu la reconnais pas ?

Ce cul, tu le reconnais pas ?

*- C'est bien ?

- Putain de merde, c'est Aurore.

Mais non, je le crois pas.

Attends, c'est toi, là ?
- Ouais.

- Mais c'est vous deux,
vous vous filmez.

Arrête, montre.
- Ça t'excite ?

- Je peux regarder, c'est ma sœur.

- Seulement
si t'es gentille avec moi.

Tu sais ce que je préfère.

Gloria pleure.

- Voilà, tu l'as réveillée.

*- Tu veux la voir plus près ?

*Tu veux la voir encore plus près ?

...

- T'es sûre que
c'est pas ma fille ?

- Ça m'étonnerait,
toi, tu pleures jamais.

Tu veux que je te dise ?
J'en sais rien du tout.

Le bébé pleure.

- Allô ?

- Allô, Aurore ?

Oui, c'est papa.

Dis donc, je voulais te dire...

Vous pourriez faire
un geste pour ta sœur ?

- Vous leur avez déjà tout donné.

Maintenant,
c'est à nous de payer ?

Je t'ai déjà demandé
un centime ?

- J'aurais fait
la même chose pour toi.

- T'en es sûr ?

- On vous a traitées pareil,
toi et ta sœur.

- Demi-sœur.

Elle a jamais réfléchi à rien.

Ils auraient pu mieux s'assurer.
Ils sont trop cons.

Pourquoi on fait pas d'enfant?
On veut réussir.

Je peux pas réfléchir à sa place,
elle a rien dans la tronche.

- On pourrait leur prêter un peu ?
- Non.

- Tu es trop égoïste.
Je vois pas d'où ça vient.

Vous pensez qu'à vous.

Sirène de police

Oh, merde !

Faut que je raccroche.
Je te rappelle plus tard.

- Pourquoi tu veux leur prêter
de l'argent? On le reverra plus.

- Pour Gloria,
on peut faire un geste.

- Arrête tes conneries !

On s'en fout.

- Ça vous dérange pas
que je sois à la rue,

que j'aie une mise à pied ?

- Fallait pas téléphoner.

- C'est ces fumiers de taxi
qui l'ont bousillé.

- Calme-toi !

- Je peux pas me calmer,
je peux pas.

Comment je fais pour aider
Mathilda et sa famille ?

Sans salaire,
je peux rien leur donner.

Gloria commence à pleurer.

- La mienne,
c'était pas cette fenêtre ?

- Non, c'est celle à droite,
là, avec le linge.

- C'était pas la peine que je sorte.

- Pourquoi tu dis ça ?
- Pourquoi?

Y a rien qui a changé.
C'est toujours aussi pourri.

- Ça va, Présentine ?

Présentine.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Tu veux plus me parler ?

- Je veux pas te parler,
s'il me voit avec toi.

‘Qui?

- Jackie.

Il dit que tu vas
nous monter la tête.

- Vous monter la tête ?

De quoi?

- Parce que tu veux pas
faire la grève.

- Pourquoi tu les empêches
de me parler ?

Tu les tiens. Pourquoi?
Vous venez tous de la même tribu ?

Tu vas nous mettre
encore plus dans la merde.

On a tous des trucs à payer.

- On peut pas accepter
cette situation.

On a demandé 5 euros par jour
d'indemnité repas. C'est non.

Aucune proposition.
Pourquoi ils nous reçoivent?

- On a 3 euros
par jour par repas.

Si 5, c'est trop pour eux.
Fallait demander 4.

- 2 euros de plus
pour 60 employés.

120 euros par jour.
Pour eux, c'est que dalle.

- Il a raison. On est des esclaves.

Ils veulent que
baisser les salaires.

- Et vous proposez quoi ?
Une grève ?

Qu'est-ce qu'on va bouffer
si ça dure ?

- On fera des collectes.

- Les gens vont payer
pour qu'on fasse la grève.

Mais t'es fou, toi !

- Tu vois,
tu nous désolidarises.

- Moi, Je vous désolidarise ?

Mais putain, Jackie !
Tu les connais pas !

- Les patrons comprennent
que le rapport de force.

- Ah oui! Mais toi,

tu t'en es bien tiré,

tu es le délégué.
Tu seras pas viré.

Tu le savais, ça ?

- Tu m'insultes pas, d'accord ?

Je me bats pour vous tous.

- Oui. Mais tu es un rêveur.

Tu t'es monté la tête.
Tu veux pas être exploité ?

Monte ta boîte,
si tu en es capable.

Fais comme le patron.

Retournez chez vous,
si vous voulez pas être à la rue.

Et si vous voulez plus me parler,
me parlez plus.

- Voilà...

- T'es gentil.

Tu vas aller où ?

- On va se promener.
Hein, Mathilda ?

- Non, c'est Gloria.

Pleurs

- Quoi ?
Pourquoi tu pleures ?

- Elle veut son doudou.

- Tu veux ton doudou ?
Attends !

Tiens.

Et voilà, le petit doudou.

Toi, t'as pas beaucoup changé.

- Je dois refaire les racines.
Mais j'ai pas le temps.

Ça me trahit.

- Tâche de dormir.
Ciao.

- Ciao.

- Qu'est-ce que tu vas devenir ?

D'abord, tu iras longtemps
à l'école, ça, c'est sûr.

Et après, tu seras au chômage.

Non, je rigole.

Tu seras médecin.

Ça, c'est un métier
qui existera toujours.

Et puis, les médecins
au chômage, ça existe pas.

Ou bien peut-être
fabricante de poupée. Non ?

Voilà un beau métier.

Et puis, ça a l'air de te plaire,
tu aimes ça.

L'essentiel,
c'est d'aimer son métier.

Quoique moi, je te dis ça,

mais j'ai jamais
travaillé de ma vie.

Atchoum...

"Comme si elle était mon âme

Elle s'épanouit,
la fleur de magnolia

Je me sens mieux."

Elle s'est endormie.

- Mets-la dans sa chambre.

- Ouais.

- C'est de l'autre côté.

- Oui.

Gloria gazouille.

- Vous étiez pas sur le Vieux-Port ?
- Non.

- J'ai vu des images à la TV.
On dirait un bidonville.

Des immigrés partout. Pour attraper
la mort, y a pas mieux.

- On est allés à pied
aux Terrasses du Port,

respirer le bon air du large.

J'aime bien me promener avec elle.

Je lui raconte les histoires
que tu n'as pas eues.

La porte claque.

- Salut, Daniel.
- Salut, Nicolas.

- Ils veulent plus m'assurer
sans certificat médical.

- Pour quoi faire ?
- Pour pouvoir conduire.

- T'as qu'à conduire quand même.

- T'es folle ?
Je suis pas assuré.

- C'est toi qui es fou.

Ce matin, t'étais content.
Maintenant, tu me fais chier.

- Je savais pas
qu'il fallait ce papier.

- C'est quoi exactement?

- Faut que je passe
une visite médicale.

- T'affole pas,
ça va bien se passer.

- Tout prend toujours
des proportions avec lui.

- En plus, je peux conduire.

- Je vais tout foutre
par la fenêtre.

Le matin, ça va.
Le soir, l'enfer.

- Nicolas fait tout ce qu'il peut.

- Tu joues à mon père, là ?

Tu nous connais ?
- Ferme-la, merde !

- Bon, je vais vous laisser.

Ça va aller, Nicolas ?
Tu bouges le bras ?

- Oui, bien sûr.

- Tu vas l'avoir ton certificat,
t'inquiète pas.

- Merci pour la petite.

- Quand vous voulez,
vous m'appelez.

Ça fait longtemps
que j'ai pas été aussi libre.

Tu les reconnaîtrais,
les types qui t'ont fait ça ?

Ils pourraient te dédommager.

Tu vois ce que je veux dire ?

- Non, j'ai rien vu.

- Dommage.

On les aurait secoués, ces fumiers.

- Tu dors pas ?

- Tu as change
depuis qu'il est revenu.

- Tu m'as sauvé la vie.

Et celle de Mathilda.

Tu es un homme extraordinaire.

- Arrête, ça me fait rougir.

Il te fait repenser à ta vie.

A ton enfance.

Vous avez grandi ensemble.

- Oui.

Et?

- Et rien...

C'est un brave homme, ce Daniel.

Il devait être beau.

Rares sont les gens
qui rendent service avec discrétion.

- Il a toujours eu bon cœur.

Mais ça suffit pas.

- Tu le vois beaucoup, en ce moment.

- T'es jaloux ?

- Oui.

- Tu es le plus beau garçon
que j'ai connu.

- Je sais pas
ce que je ferais sans toi.

- Elles me disent toutes ça.

- Je m'en fous.

- Tu t'en fous ?

- Hum ! Complètement.

- Tu t'en fous que j'aille
avec d'autres filles ?

- Tu fais ce que tu veux.

Tu trouveras pas mieux que moi.

Je suis la meilleure.

Je suis une bombe.

- Prends pas tout.
Qu'il m'en reste pour demain.

- T'en rachèteras.

- Elle croit que ça tombe du ciel.

Faut que je traverse
tout Marseille.

- Caroline ?

- Quoi, Caroline ?

- Fais l'innocent.
T'as couché avec elle ?

- Pas beaucoup.

- Ça veut dire quoi,
pas beaucoup ?

- Ça veut dire...

- Allez, dis-moi.

Dis-moi.
Pas beaucoup, c'est quoi ?

Elle t'a sucé ?

- Pas beaucoup.

- T'es con.

Je m'en fous,
tu peux me le dire.

Pas beaucoup
avec sa bouche ?

Pas beaucoup avec sa chatte ?

Pas beaucoup avec son cul ?

- Avec son cul.

- Ah ouais ?

J'aimerais bien voir ça.

- Vas-y, viens.

On peut le faire à trois.
- Ouais, OK.

Trouve un mec
qui m'excite autant que toi.

- Pas avec un mec,
elle est folle.

Non, avec une autre fille.
Je suis pas pédé.

- Sans être pédé,
tu pourrais essayer.

- Arrête !
Tu vas me faire tout viander, là.

En fait, je pensais plutôt
avec ta sœur.

- T'es con ?
Je peux pas l'encadrer.

Elle a eu plus que moi.
Mon père lui passait tout.

- Justement.

- Justement quoi ?

- Ça t'exciterait encore plus.
- Ah ouais ?

Pourquoi pas avec Nico, aussi?

- Ce bon à rien. Je suis sûr
qu'il la baise même plus.

Depuis la petite,
ça doit être le désert.

- Elle s'en sortira jamais.

Des ratés, tous les deux,
ils se sont bien trouvés.

- Faut voir!
Elle a un joli cul.

- Touche pas à Mathilda,
je te préviens.

- Ta sœur.
Elle doit être tellement bonne.

- Ouais, fais le malin.
Tu m'entends ?

Pas avec Mathilda,
je te défonce la tronche.

- Je la niquerai un peu.

- Je rigole pas.

- Moi non plus.

- Tout, mais pas Mathilda.

- Chérie, te mets pas
dans un état pareil.

Tu sais bien que j'aime que toi.

Allez, viens manger.

- Vous avez trouvé ?
- Oui, parfait.

- Super.

- Madame !

Madame !

Madame !

Madame !

Madame !

Arrêtez-vous !

Arrêtez-vous, on vous a vue.

- Pardon, mademoiselle.

J'ai jamais volé.
C'était pour mes filles.

- Vous raconterez ça
à ma patronne.

- Laissez-moi partir.
Je le ferai plus.

- Allez-y.

- Merci.

- Tu peux me la garder une heure ?

- T'as du boulot?
T'as de l'argent?

- Une heure !
Je te paierai plus tard.

- Je peux pas.

Je suis pas ta mère.
C'est mon taf.

- Putain, je te paierai !

- Non.

Si ça se sait, plus personne
voudra jamais payer.

Gloria pleure.

- Vous me tuez.
- Je suis pas là pour ça.

- Non, mais je vous le dis.

Vous me tuez.

- En faisant bien la rééducation,
on se revoit dans six mois.

- Six mois, c'est de la folie.

Laissez-moi conduire.

Vous me tuez.

- C'est vous qui risquez
de tuer des gens.

- Les mensualités de la voiture?

- Arrangez-vous avec votre banque.

Différez le crédit. Pour raison
médicale, ça doit être possible.

- Ils veulent rien savoir.

- Regarde-nous, là.

On ressemble à rien.

Je peux jamais rien m'acheter.

Mes fringues, c'est des invendus
qui ont un défaut.

Notre télé,
on dirait un timbre.

On a même pas un scooter.

Nico ?

Je te parle.

Nico, réponds-moi.
Dis quelque chose...

Propose un truc. Invente.

J'en peux plus de notre vie.

Jamais, on aurait dû
l'avoir cette petite.

Qu'est-ce qu'on va lui donner ?

- Pas devant elle !

- Mais elle entend pas.

- Elle entend tout.

- Qu'est-ce qu'on va faire ?

La sorcière, j'ai failli
lui envoyer un cintre.

Je vais pas pouvoir tenir longtemps.

- Tu m'aimes plus, c'est tout.

-Pff!

Mais tu comprends rien.

Tu crois que
j'ai le temps de t'aimer ?

À courir toujours après trois sous.

On peut plus payer
une nourrice.

Tu te rends compte ?

Des moins que rien.

Voilà,
on est des moins que rien.

- Je vais faire nourrice.

- Quoi?

- Je vais faire nourrice.

J'invente un truc.
C'est ce que tu veux, non ?

Je vais rester à la maison
avec Gloria.

Je passe des annonces.
Je garderai d'autres enfants.

- N'importe quoi !

- Je déconne pas.

- Les gens veulent une femme
pour garder leurs gosses.

Tu me fais chier!

- S'il faut voler, je le ferai.

- J'en peux plus.
Je me casse.

- Mathilda ?

- Qu'est-ce que tu fous là ?

- Ma chérie,
qu'est-ce qui t'arrive ?

- J'en peux plus.

- Tu es partie de chez toi ?

- J'en ai marre.

- Allez, viens.
Rentre, tu vas attraper la mort.

Et Gloria ?

- Elle est à la maison avec Nico.

Ils me font tous chier.

Mélodie douce

...

- Arrête, Sylvie.
- Laisse-moi, laisse-moi.

- C'est bloqué, là.

- Je suis libre, non ?

- La majorité est pour la grève.

- Tu vas me laisser passer.
- Arrête, merde, Sylvie.

- Mais je veux travailler!

Ça va durer jusqu'à quand,
ce bordel ?

- Jusqu'à ce qu'on gagne.

- Dans 100 ans.
Je serai crevée avant.

Et vous tous,
vous serez aussi crevés avant.

- J'en peux plus. Il dit
qu'il va trouver de l'argent.

Il est fou.
En plus, il va finir en taule.

Le nouveau magasin est pour moi ?

Je m'en sortirai pas sans ça.

- Je te jure, c'est pour toi.

Je te le jure.

Si je mens, je vais en enfer.

Tiens.

J'ai voulu en filer à Nico
pour qu'il te fasse hurler.

Tu sais ce qu'il m'a dit ?
"Mathilda, elle en a jamais pris."

Il te baise ?
Il te baise encore, ce con ?

Quoi ?
- Oui, il me baise encore.

Et il est pas si con.

- C'est bon, j'rigolais, je rigole.

Je l'aime bien, Nicoco.

C'est un copain.

- Regardez, vous voyez,
je peux conduire.

S'il vous plaît. Regardez-moi.

S'il vous plaît, regardez.

Je conduirai doucement.

Je ferai attention.
J'aurai pas d'accident.

Je renverserai personne.

J'peux conduire, vous avez vu.

Laissez-moi conduire,
s'il vous plaît.

Signez-moi le papier.

Me tuez pas, madame.
Me tuez pas, s'il vous plaît.

Me tuez pas.

- Sortez de chez moi, monsieur.

J'ai pas le droit de mentir
sur vos capacités.

- Je suis gentil.

Je vais pas vous faire de mal.

Je vous montre que
je peux faire mon métier.

Que c'est pas normal.

La procédure,
elle est pas si bien que ça.

J'ai une fille, faut que
je lui donne à manger.

Ma femme, elle est partie.

Il faut que je la retrouve,

que je lui donne tout
ce qu'elle a besoin.

- Je vous en prie.
- S'il vous plaît.

Je fais quoi
pour l'avoir ce papier ?

Vous voulez de l'argent
comme tout le monde ?

- Lâchez-moi !
Vous me faites mal.

Foutez-moi la paix !

- Je voulais pas.

Elle saignait.

- Mais elle saignait où ?
- Là, à la tête.

- Il faut que failles à la police.
Dénonce-toi !

Vas-y avant qu'elle y aille.

Vas-y. Bouge !

- Elle habite où, ta toubib ?

- Rue des Volubilis.

- A quel numéro ?

- C'est une maison
avec des volets bordeaux,

au milieu de la rue.

- Tiens...

- Tu vas où ?
- Je reviens.

On frappe à sa porte.

-Oui?

Ah c'est toi ?
Écoute ce que je viens d'écrire :

"Un vol d'étourneaux

Le ciel s'emplit de noir

C'est le moment."

- Daniel, j'ai besoin de toi.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Nicolas a fait
une grosse connerie.

Pardon de vous déranger.

Je voudrais vous parler.

- Vous me connaissez ?

- Nicolas, celui qui vous a fait ça,
c'est le mari de notre fille.

- Je ferai pas de faux papiers.
Il doit pas conduire.

- Non, c'est pas ça.

On peut entrer ?

Cinq minutes.

Merci.

- Asseyez-vous, je vous en prie.

- Je vais vous raconter une histoire
que j'ai jamais racontée.

Quand mon mari Daniel
a été arrêté,

notre fille venait de naître.

Il a été condamné
à une longue peine.

J'avais pas de travail.

Je me suis mise à mendier
avec notre fille dans les bras.

Ça suffisait pas
pour payer le loyer.

L'hiver arrivait et j'avais peur
du froid, pour ma petite.

J'ai pensé à me suicider, mais...

j'ai pas eu le courage.

Alors, j'ai fait ce que
toute femme peut faire.

Je me suis vendue.

Souvent.

Et longtemps.

Je vais pas vous dire les détails,
vous les imaginez.

Mon second mari
n'a jamais rien su.

- Pourquoi vous me racontez
tout ça, à moi?

- Je veux pas que cette histoire
recommence avec ma fille.

Je vous demande de pas porter
plainte contre Nicolas.

- C'était pas mon intention.

- Merci.

- Merci.

Pourquoi tu voulais
que je t'accompagne ?

- Tu m'as donné de la force.

- Et si ça s'était mal passé ?

- Quoi?

- Je l'aurais tuée ?

- Daniel...

- C'est pour ça que tu m'as amené ?
- Non, t'es malade.

- Je les aurais fracassés
tous les deux.

Elle et son mec dans le jardin.

- Arrête !

- Nicolas aurait été
blanc comme neige.

On aurait maquillé ça en cambriolage
qui aurait mal tourné.

- Et toi, tu aurais fini
ta vie en taule...

- Ouais, ma vie...

Au moins, je serais allé en prison
pour que tu sois heureuse.

Je t'aurais remboursé
en une fois

tout ce que je t'ai fait vivre
avec mes conneries.

- J'arrive plus à les aider

et ton père va être mis à pied.

- Je sais bien, je sais bien.

- Elle va se faire virer.

Là, ils auront plus que dalle.

- Ils veulent quoi ?

Un prêt?

- Mais non.

Embauchez-la au nouveau magasin.
Ça arrangerait tout.

Elle est capable. Elle a
le même bac secrétariat que toi.

Vous avez les moyens.

C'est bien de travailler
en famille. La confiance.

- T'as raison.
Je fais confiance à personne.

Un de mes réparateurs s'amène

avec un Samsung, 7, 8.

Pas le dernier, mais un récent.

Il me dit :
"C'est pas réparable."

Il voulait me la faire à l'envers.
Je lui ai mis un savon.

Celui-là, il va s'en souvenir.

- Avec Nicolas,
ça va plus du tout.

Y a la petite, ils se disputent.

C'est un engrenage infernal.

Ça les mine,
ces saloperies d'histoires d'argent.

- Ouais, Karim...

Tu peux nous sortir
un contrat de travail ?

Tu le scannes et tu l'envoies
sur la boîte de Bruno.

L'avocate dit
que c'est pas notre faute.

Lui, Bruno va lui casser la gueule,
il nous prend pour des cons.

OK, ça roule.

On va regarder, oui.

- On peut pas vivre comme ça.

Et si entre nous,

on se tient pas les coudes,
tout disparaît.

Le plus important,
c'est s'entraider.

Pour ta sœur, pour votre nièce,

pour toi, pour moi.

- J'ai rendez-vous avec l'architecte.

Bon, on se voit vite ?

- Vous vous en occupez ?

- Oui, c'est bon. On va voir ça.

- Salut.

- Grande nouvelle !

Mathilda va diriger
le nouveau magasin.

- C'est vrai ?

C'est génial.

Bravo, ma chérie.

Je suis content.

Maintenant,
tu vas plier tes affaires

et tu vas rentrer
chez toi avec Nicolas.

Vous allez dîner en amoureux.

Faut pas se laisser avoir
par toute cette merde.

Et nous, on va garder la petite.

Parce que ça y est,
je suis mis à pied.

Huit jours à cause
de ces connards de flics.

Ça va vous faire une semaine
pour repartir du bon pied.

- Pourquoi tu vis ici, toi?

- Parce que c'est pas cher.

- Oui, mais t'es français.

- Je sors de prison.

- T'as de la chance.
Nous, on sortira jamais.

- La mort nous poursuit,

La vie nous rattrape,

Un certain temps.

J'imaginais que je marchais
dans des déserts

et que je rencontrais
quelqu'un ou quelqu'une.

Une femme inconnue
que j'aime et qui m'aime.

Et je lui récitais quelque chose.

- Et quoi, par exemple ?

- "En ce monde, nous marchons
Sur le toit de l'enfer

Et regardons les fleurs."

- C'est vrai.

Moi aussi, je pourrais apprendre
par cœur des poésies.

- Et on pense à rien d'autre
quand on fait ça.

Tu pourras commencer
quand tu seras à la retraite.

- Ça, c'est ce
qui m'angoisse le plus,

la retraite.

- Tu auras du temps
et de l'argent sans rien faire.

- Je sais pas rien faire.

J'ai toujours fait que travailler.

- Tu t'es levé tous les matins
pour élever des enfants

et même une
qui était pas à toi.

Je t'admire pour ça.

- Je suis heureux d'être grand-père.

Mathilda, je la remercie
tous les jours pour ça.

Elle a toujours été ma préférée.

Alors, les liens du sang...

C'est des conneries.

Pas vrai, Gloria ?

Elle nous écoute.

Elle nous regarde.

- Elle a le sourire de Sylvie, non ?

- Tu trouves ?

- Oui. Regarde bien.

- Ouais...

Sylvie veut qu'on s'achète
un camping-car d'occasion

et qu'on parte
sur les routes au soleil.

Moi, j'ai qu'un rêve,
ne plus conduire.

- J'ai réussi à vendre la voiture.

Ils m'ont repris le crédit.
Et regarde...

Il reste un peu de liquide.

Et tu sais pas la meilleure ?

Au garage où j'ai vendu la voiture,

ils ont besoin d'un gardien.
Juste pour surveiller.

Tu le crois, ça ?

J'ai le profil,
je commence demain.

C'est la loi des séries, ma chérie.
La chance tourne.

C'est cette voiture
qui nous portait malheur.

Toi, responsable
du nouveau magasin.

- Directrice.

- Directrice, pardon.

Gloria, tu te rends compte ?

Tu vas être la fille
de la directrice.

Silence

...

Il imite une guitare.

- A tout à l'heure.
- Ouais.

- Voilà ! Buvez à ma santé.

Les gars, ça va ?
Vous passez une bonne soirée ?

Allez, servez-vous.

C'est la maison qui offre.

- Un p'tit grignotis ?
- Avec plaisir.

- Un p'tit four ?
- Merci.

- Les amis, s'il vous plaît,
je vais dire quelques mots.

Bonsoir à tous.
Voilà, merci d'être venus.

Bonsoir, quel plaisir
de vous voir aussi nombreux.

Ça fait plaisir, merci.
Ça fait chaud au cœur.

D'autant qu'au début,
personne n'y croyait.

Merci d'être là.

Tu peux te marrer,
je pense à toi, Kader.

C'est ça, marre-toi.

Ce ToutCash' Canebière
existe grâce à vous.

Mais surtout grâce à moi.

Les emmerdes
que j'ai dû traverser,

c'est incroyable.

Deux mois à remplir des papiers.

J'en ai marre.
Quand on entreprend

quelque chose,
on n'est pas aidés.

On a l'impression
qu'ils font exprès de nous empêcher.

Moi, je suis comme vous.

Je veux monter.

Toujours monter,
toujours plus haut. Il faut foncer.

Le Président de la République
l'a dit,

il faut être
le premier de cordée.

Je veux être
le premier de cordée. J'assume.

Il faut pas avoir peur
de bousculer les habitudes

et pas se laisser intimider

par les minables. On est entourés
de minables, vraiment entourés.

Sans plus tarder,
comme ils disent à la TV,

je vais vous présenter
la directrice.

C'est une fille super.

Caro, viens dans la lumière,
que tout le monde te voie.

Faites un maximum de bruit
pour Caroline.

8La nouvelle directrice
du ToutCash' Canebière.

Merci.
Caroline qui va diriger

ce ToutCash'.

Je l'ai rencontrée

y a pas longtemps,
elle est super.

Elle va déchirer.
Pas vrai, Caro ?

Allez, super.
On l'applaudit, on l'encourage.

Et puis, vive la fête !
Amusez-vous !

Je vais boire un coup, d'ailleurs.

- C'est qui, elle ?

- Je vais t'expliquer.

- Tu m'as baisée
dans tous les sens du terme.

- Arrête, Thilda !

- T'as peur que ma sœur entende ?

Tu rigoles, espèce de pute !

Connard !

- Arrête !
T'es folle ou quoi?

- Quoi ?
- Ça va pas la tête ?

T'es malade ou quoi?
Pourquoi tu fais ça ?

- Tu veux que
je te dise pourquoi?

Je vais te le dire,
il m'a baisée.

- On va t'expliquer.

- Tu comprends pas le français ?
Il m'a baisée, en vrai.

Il me baise depuis des mois.

On baisait
en regardant ton cul.

On baisait comme des chiens,

pendant que t'étais
dans ton magasin. Bouffonne !

- Ma pauvre chérie...

- Fallait pas toucher à ma sœur!

- Elle t'a raconté ça ?

Elle dit n'importe quoi, d'accord ?

- Comment elle connaît nos vidéos ?
Tu lui as fait voir.

- Quoi?

J'en sais rien. Sur Internet.
Tu fais chier, toi aussi.

- Je fais chier ?

Connard ! Pas ma sœur!

- Tais-toi,
t'es complètement bourrée.

- Menteur !

- Ta gueule !

- Tu peux compter
sur nous et Daniel.

- Que se passe-t-il ?

- Rien. Elle va se calmer.
Attends-moi dehors.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

Elle a quoi, Mathilda ?

- Ça te regarde pas.
- Si, ça me regarde.

- Tes problèmes de couple,
j'y peux rien.

- Tu lui as promis
qu'elle dirigerait le magasin.

- De quoi? Elle est nulle.

Putain, ouvre les yeux.
Tu comprends pas ?

T'es vraiment con.

- Me parle pas comme ça.

- T'es un minable.

- Arrête, Bruno...

- Tu t'es déjà regardé ?
T'es un raté, mon pote.

- C'est pas vrai tout ça.

- Je suis pas le premier
à baiser ta femme,

tu vas t'en remettre.

Battements de cœur

...

Musique sacrée,
opéra du début

...

- Tais-toi. Tais-toi, dis rien.

Tu dis rien à personne, jamais.

Ça doit rester entre nous.
Nous deux. Toi et moi.

Dedans, dehors,
pour moi, c'est pareil.

Je le fais pour Gloria.

Il faut pas que ça recommence.

Y a pas de raison
que ça recommence.

L'opéra se poursuit.

Battements de cœur

...

J'avais beau arracher

Les aiguilles de ma montre

Le temps ne s'arrêtait pas.

...